Pas de watchOS 5 pour l’Apple Watch "Series 0", est-ce surprenant ?

Christophe Laporte |

La toute première Apple Watch sortie en avril 2015 ne pourra pas faire fonctionner watchOS 5. La nouvelle tombée en début de semaine a pu en émouvoir certains, mais il n’y a pas de peine particulière à ressentir, ou s'émouvoir d'un scandale : c’est tout simplement la dure loi des nouvelles technologies.

Les acheteurs de la première heure auront eu le droit pendant un peu plus de trois ans à un support des nouveautés logicielles. Cet arrêt n’a rien d’étonnant pourtant, la prise en charge des produits de première génération est généralement assez courte. Et de ce point de vue, l’Apple Watch n’échappe pas à la règle.

L’iPhone EDGE et l’iPad 1G ont connu le même sort

Prenons le cas de l’iPhone : le tout premier modèle est présenté avec fracas début 2007 et est commercialisé au mois de juin de la même année. Le téléphone mythique de la firme de Cupertino adoptera l’année suivante iPhone OS 2, qui introduira l’année suivante le concept d’App Store, puis iPhone OS 3 en 2009, qui apportera entre autres le copier-coller, l’arrivée de l’enregistrement vidéo et Spotlight. Par contre, à l’occasion de la présentation d’iOS 4 en mars 2010, l’iPhone EDGE restera à quai. L’aventure aura duré là aussi trois ans environ.

L’iPad, que l’on a longtemps évoqué sous le nom d’iSlate avant sa présentation début 2010, a connu lui aussi un destin similaire. Lors de sa sortie, quelques mois plus tard, la tablette d’Apple était dotée d’une version spéciale d’iPhone OS 3. En juillet, elle adoptera iOS 4, puis l’année suivante iOS 5. C’est en 2012 donc que les choses se gâtent pour le tout premier iPad. En effet, l'appareil n’était pas inclus dans la liste des heureux élus capable de faire tourner iOS 6. Pour la première tablette d'Apple, le support des nouvelles versions d’iOS a donc duré environ deux grosses années.

Les premières générations victimes de la course à l’armement

Les premiers iPhone et iPad avaient deux points communs : un très bon design... et des limites matérielles. On pourrait tenir ces mêmes propos pour la première Apple Watch. Si Apple n’a pas pu gérer le tout premier iPhone pendant une plus longue période, c’est parce que son processeur, conçu initialement pour les lecteurs DVD, a rapidement tiré la langue. Le premier iPad était lui aussi vite bridé avec ses 256 Mo de RAM et son processeur mono-core.

Crédits : matt buchanan (CC BY 2.0)

Dans les premières années d’un nouveau produit, on assiste systématiquement à une course à l’armement aussi bien d’un point de vue logiciel que d’un point de vue matériel. Il est assez épatant de voir le chemin parcouru par watchOS entre la toute première version et la version 5 présentée cette semaine. Mais malgré toutes les qualités de ce dernier, la route est encore longue avant que le système, promu par Kevin Lynch sur la scène de la WWDC, atteigne le niveau de maturité d’iOS. Mais dès qu’une plateforme atteint un certain niveau de maturité, alors la durée des prises en charge des nouveautés s’allonge. On l’a vu avec iOS 12, qui gère les mêmes appareils qu’iOS 11 tout en offrant de meilleures performances (lire : iOS 12 redonne bien un coup de fouet aux anciens iPhone et iPad) . Ce constat, on le fait également depuis de nombreuses années sur Mac.

Les nouveautés de watchOS 5 demandent de la puissance

Mais à l’heure où watchOS fait des pas de géant, la toute première Apple Watch ne peut tout simplement plus suivre la cadence. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Son processeur monocore S1 cadencé à 520 MHz souffre de la comparaison, ne serait-ce qu’avec le système-sur-puce de l’Apple Watch Series 1 qui présente l’avantage d’avoir deux cœurs. Bon nombre des nouveautés de watchOS 5 requièrent de la puissance : le cadran Siri utilise de plus en plus d’intelligence artificielle, Activité gère toujours plus de données et cette version permet de lire des pages web. Autrement dit, elle embarque une version de Webkit adaptée aux montres d’Apple. Et de nos jours, il y a finalement assez peu de choses qui sont plus gourmandes et complexes qu’un moteur de rendu web !

On entend déjà poindre les mêmes critiques que l’on a pu entendre à différentes reprises : pourquoi le tout premier iPhone n’avait pas de puce 3G ? Pourquoi l’iPad n’avait pas plus de mémoire ? Pourquoi la première Apple Watch n’embarque pas une puce plus puissante ? C’est vrai pour chaque produit, mais ça l’est encore plus avec un appareil de première génération : il s’agit d’un compromis. Apple est dans l’obligation de faire des choix, sinon elle ne commercialise jamais de nouveaux produits. On rappellera que pour l’Apple Watch, la principale obsession d’Apple était l’autonomie. Le constructeur était terrifié à l’idée que sa montre ne tienne pas une journée. De ce point de vue, l’Apple Watch a parfaitement rempli sa mission.

S’il peut y avoir de la frustration (bien compréhensible) chez certains, l’important est sans doute ailleurs. Lorsque watchOS 5 sortira avec ses innombrables nouveautés à la rentrée, la toute première Apple Watch continuera malgré tout à fonctionner. Et ce qu’il faut retenir des premiers iPad et iPhone, c’est qu’ils ont longtemps continué à marcher même après qu’Apple a cessé de les inclure dans ses mises à jour majeures.

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