Magic Leap : la réalité avec une touche virtuelle

Mickaël Bazoge |

Magic Leap est une start-up qui a le goût du secret chevillé au corps. Malgré l’absence de produits en bêta ou de SDK, cette entreprise fondée par Rony Abovitz est chouchoutée par tout ce que la Silicon Valley compte d’investisseurs — à commencer par Google. Mais que fabrique Magic Leap ? Un casque de réalité augmentée, ou plutôt de "réalité mixée" (mixed reality, MR).

À côté de la réalité virtuelle (VR) et de la réalité augmentée (AR), c’est une troisième technologie qui a pour intérêt de mêler à la réalité des objets virtuels en prenant en compte la profondeur de champ, quand l’AR se contente de plaquer des informations virtuelles sur l’environnement autour de soi, à l’image des Google Glass. Quant à la VR, elle plonge l’utilisateur dans un autre monde. Cette technologie, c’est aussi celle utilisée par Microsoft avec l’Hololens.

Rony Abovitz, fondateur de Magic Leap, tenant la pièce maîtresse de son casque — Cliquer pour agrandir

Kevin Kelly, de Wired, a pu tester la solution de Magic Leap. Il en livre un long compte-rendu dans lequel il ne s’étend pas beaucoup sur le produit en lui-même (en vertu d’un NDA). Il décrit néanmoins quelques unes des solutions techniques au cœur du casque de la start-up, notamment l’affichage des informations : elles sont projetées directement dans l’œil, plutôt que sur un écran. Le grand avantage de cette solution, c’est la qualité des images qui ne montrent aucun pixel visible, au contraire des casques de type Gear VR où la définition de l’écran du smartphone n’est pas suffisamment élevée quand on le place si près de l’œil.

Cette technologie a un autre atout : elle crée l’illusion de la profondeur de champ. Le journaliste a pu apprécier ses balades dans un monde mêlant virtuel et réel où les objets étaient littéralement à portée de bras. Le retour à la réalité se réalise sans effort, c’est « aussi confortable que de retirer ses lunettes de soleil ». La réalité mixée est tellement transparente que l’équipe de développement de Magic Leap va troquer les écrans 2D traditionnels de leurs ordinateurs, pour des casques MR.

Pour prendre en compte l’environnement, le casque de Magic Leap doit scanner ce qui se trouve autour de soi. Comme avec le Vive ou l’Oculus, des caméras externes et des capteurs sont utilisés pour créer la carte de l’environnement immédiat de l’utilisateur. La start-up développe un service de stockage dans le nuage qui permettra de partager ses cartes avec d’autres utilisateurs, évitant ainsi un long et énergivore processus de numérisation. Il sera même possible de partager des objets : depuis Barcelone, on pourra placer une fleur virtuelle dans un pot virtuel se trouvant à Chicago.

Cette technologie naissante pose aussi des questions sur la confidentialité des données. La nature de la réalité mixée implique le partage de ses données privées, en particulier quand il y a interaction avec d’autres utilisateurs. Ce traçage en continu des voyages virtuels, de ses comportements, de ses préférences sera sans aucun doute d’un grand intérêt pour les annonceurs et les régies publicitaires (sans oublier les agences de renseignement).

Si le smartphone est un appareil de surveillance que nous acceptons de transporter avec nous, la VR et ses déclinaisons sont un outil de surveillance total que nous acceptons de plein gré. En attendant de trouver des réponses à ces questions (et aux questions qui se poseront plus tard), le temps est encore à l’exploration d’un nouvel univers qui est de nature à bousculer les positions bien établies, croit déceler Wired.

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