Santé : le confinement n’a pas fait monter la tension

Anthony Nelzin-Santos |

À l’occasion de la journée mondiale de l’hypertension artérielle, Withings met un coup de projecteur sur les résultats d’une étude sur l’incidence du confinement sur la tension des Franciliens. Malgré le stress généré par cette période hors du commun, malgré la baisse d’activité consécutive au confinement généralisé, les chercheurs ont observé une diminution significative de la tension des personnes suivies. Voilà qui pourrait expliquer, au point partiellement, la diminution de 20 à 30 % des syndromes coronariens aigus observés pendant le confinement.

Le tensiomètre BPM Core. Image Withings.

Une fois n’est pas coutume, cette étude a été réalisée à l’initiative de médecins et de chercheurs de l’Université de Lorraine, de l’Institut lorrain du cœur et des vaisseaux, de l’INSERM, du CHRU Nancy, et de l’hôpital Avicenne. « Pendant le premier confinement, nous avons observé une chute des urgences habituelles, en particulier des accidents cardiovasculaires et des infarctus du myocarde », explique Jean-Jacques Mourad, chef de service en médecine interne du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph et spécialiste de l’hypertension artérielle.

Peur de se rendre à l’hôpital, difficultés de déplacement… « certains spécialistes assuraient qu’on laissait des patients mourir à la maison ». Quelques médecins ont voulu tester une hypothèse plus optimiste, et demandé à Withings les données anonymisées de 2 273 utilisateurs réguliers de tensiomètres BPM Connect et BPM Core habitant en région parisienne, soit plus de 200 000 mesures entre le 17 mars et 11 mai 2020. Ces chiffres ont été comparés à ceux de 2019 « pour éviter les effets saisonniers ».

« Nous avons pu observer une baisse de la pression artérielle systolique de 3 mmHg pendant le confinement », résume Jean-Jacques Mourad. Une baisse du premier chiffre de la tension confirmée pendant le deuxième mois (-2,4 à -3,9 mmHg), et qui a aussi touché le deuxième chiffre, celui de la pression artérielle diastolique qui a diminué de 1,5 mmHg pendant le premier mois et jusqu’à 2,22 mmHg pendant le deuxième.

« Cela peut sembler ne pas être grand-chose », explique le spécialiste de l’hypertension artérielle, « mais grâce à d’autres études, nous savons que cela peut expliquer une baisse des infarctus et des AVC de l’ordre de 10 à 15 % ». Or ceux qui avaient la pression artérielle la plus élevée avant le confinement sont ceux qui ont connu la plus forte baisse pendant le confinement. Lorsque l’on sait que l’hypertension artérielle est le principal facteur de risque cardiovasculaire…

La baisse de la tension et du rythme cardiaque au repos observée pendant le confinement.

Reste à savoir comment expliquer ce phénomène. Ne disait-on pas que la sédentarité aurait des effets délétères sur la santé cardiovasculaire ? « Des équipes ont comparé un confinement dur comme celui que nous avons connu à un confinement plus léger comme en Allemagne », remarque Jean-Jacques Mourad, « et un confinement plus léger n’induit pas la même baisse de pression artérielle. Plus dur est le confinement, plus on reste à la maison, plus la pression artérielle baisse. »

« Les comportements de santé ont radicalement changé » : l’activité sportive est devenue une échappatoire, certains ont découvert le plaisir du télétravail, d’autres les joies des petits plats fait maison. « On peut discuter la représentativité des utilisateurs réguliers de tensiomètres connectés », reconnait le médecin, mais toutes ces causes ont probablement joué. Comme la meilleure observance du traitement médicamenteux, sans doute.

Cette étude confirme l’intérêt du corps médical pour les données issues des appareils connectés. La Société européenne d’hypertension recommande le suivi de la tension artérielle à la maison, notamment pour éviter le fameux « effet blouse blanche » qui fausse les mesures prises en cabinet médical.

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