Baselworld 2016 : « les montres connectées ne bouleversent pas l’horlogerie suisse »

Anthony Nelzin-Santos |
Le fameux bâtiment de la Messe Basel, qui accueille Baselworld.

C’est le premier Baselworld de WatchGeneration, le deuxième depuis la présentation de l’Apple Watch. Les montres connectées ne sont pas légion dans ce temple de l’horlogerie et de la joaillerie… du moins pas sur les stands des plus grands noms. Mais on ne peut pas faire 100 mètres sans voir une Apple Watch au poignet d’un confrère, ou entendre parler d’Android Wear en passant devant des portes entrebâillées.

Pas de quoi alarmer François Thiébaud, qui dirige Tissot quand il ne préside pas le comité des exposants suisses à Baselworld. « Les montres connectées ont un certain succès, mais peut-être pas le succès escompté », explique-t-il, en citant pêle-mêle bruits de couloirs et chiffres d’analystes plus ou moins bien informés. Lui qui vante la capacité de l’horlogerie suisse à « habiller le temps » se ferait presque dédaigneux quand il se moque de l’autonomie des premières montres connectées et se plaint de leurs vibrations régulières.

Mais il est moins méprisant qu’il n’y paraît, et que certaines des maisons qu’ils représentent : il reconnaît volontiers que les montres connectées ont « des fonctions très attractives ». « Elles apportent quelque chose », dit-il en citant le domaine du sport qui a fait les belles heures de Tissot, mais « elles ne bousculent pas l’horlogerie suisse ». « Plus on parle d’horlogerie, électronique ou pas, mieux c’est. »

Thiébaud se plaît à répéter que la Suisse ne représente que 2 % des ventes de montres : dans un marché d’un milliard d’unités qui n’a pas fini sa croissance, la marge de manœuvre est énorme. Or les montres connectées « touchent les jeunes, des gens qui ne portent pas forcément une montre, mais seront peut-être intéressés par une montre traditionnelle plus tard. » Elles ne viendraient donc pas concurrencer les montres suisses, mais plutôt ouvrir le marché.

Cliquer pour agrandir

Il faudrait donc les ranger au côté « des montres calculatrices et des téléphones », qui devaient aussi tuer les montres suisses, mais n’ont finalement pas empêché le doublement du marché ces dix dernières années. Reste que les ventes de montres suisses entre 200 et 500 francs, le prix de la plupart des montres connectées, se sont effondrées l’an dernier.

S’il reconnaît du bout des lèvres que les montres connectées ont pu détourner quelques clients potentiels, Thiébaud assure que l’essentiel du repli du marché est dû au renchérissement du franc et au contexte politico-économique. Ce n’est pas faux, et l’industrie suisse attend avec impatience que l’activité reprenne, notamment dans une Europe figée par la menace terroriste.

Mais tout de même : les montres connectées « nous obligent à réfléchir ». Cela tombe bien, quelques-uns des plus grands noms de l’horlogerie suisse se sont remués les méninges. Vous pourrez découvrir leurs trouvailles dans les prochains jours sur WatchGeneration.

Cliquer pour agrandir
Accédez aux commentaires de l'article