Test du Vision Pro : le roi du divertissement ?

Félix Cattafesta |

Avec le Vision Pro, Apple cherche à faire oublier le concept de « réalité virtuelle » pour imposer la dénomination d’« informatique spatiale ». Ce nouveau champ lexical vise à démarquer le produit de la concurrence, les casques de VR étant principalement assimilés aux jeux vidéo et aux loisirs. Si Apple a pour ambition de brasser plus large, son appareil n’en reste pas moins fondamentalement un casque de VR avec des caméras couleur. Et si, au fond, le Vision Pro n’était qu’une machine de divertissement à ranger dans la famille du Meta Quest 3 ?

Le Vision Pro comme remplaçant de l’iPad

visionOS est un dérivé d’iPadOS, et le Vision Pro peut être vu comme la suite logique de l’iPad. Les utilisations mises en avant par Apple se rapprochent de celles de la tablette : des apps, du divertissement, la consultation de photos/vidéos et la communication avec ses proches via FaceTime. L’utilisation en tant qu'écran externe du Mac est une alternative à Sidecar, tandis que l’accent est mis sur la consommation de contenus Apple TV+ ou Arcade.

Prenons donc ce Vision Pro comme un iPad en commençant par rappeler une évidence : il s’agit d’un produit Apple parfaitement intégré au reste de l’écosystème. C’est sans doute l’un des atouts majeurs du casque : vous retrouverez toutes vos photos, vos messages et vos abonnements dès la configuration terminée. Les fonctions comme AirDrop ou Apple Pay répondent à l’appel, sans parler de la synchronisation des photos avec iCloud ou de ses onglets Safari.

On peut facilement envoyer une capture d’écran vers son Mac via AirDrop.

La navigation sur Safari n’est pas désagréable étant donné que l’on peut faire apparaître une fenêtre géante où l’on veut. Le casque laisse la possibilité de créer un nombre infini d’onglets et la bonne qualité des écrans rend possible le fait d’épingler une vidéo YouTube tout en doomscrollant Reddit ou ses sites d’actualité préférés. La présence native de Mail permet de faire de la bureautique simple à la volée, même si tout n’est pas exempt de défaut.

La navigation au doigt et à l’œil peut devenir un peu capricieuse dans certains contextes : cliquer sur le mauvais lien d’une page ou un mouvement de doigt non reconnu énerve rapidement, tout comme lorsque l’on avance accidentellement une vidéo YouTube en cherchant à modifier sa qualité. Sans en avoir l’air, le geste pour faire défiler une page devient vite fatigant (essayez de le faire dans le vide pendant 30 secondes pour voir). Il arrive parfois que vous soyez déjà en train de regarder ailleurs alors que votre clic n’a pas été enregistré, ce qui oblige à revenir sur ses pas. Répondre à un message uniquement depuis le Vision Pro est un calvaire, et le fait que la dictée ne soit pour l’instant compatible qu’en anglais n’aide pas. De manière générale, toute interaction nécessitant un clavier sera plus rapide sur un iPad ou un MacBook.

La partie confort n’est pas non plus optimale. J’ai essayé de cuisiner et de faire la vaisselle tout en regardant une grosse vidéo YouTube avec le casque. S’il est très chouette d’avoir un écran XXL et des haut-parleurs spatialisant très bien le son, le poids de l’engin et la mauvaise qualité du passthrough en basse lumière empêchent d’en profiter convenablement. Le Vision Pro a du mal avec les gants de vaisselle, et on a forcément un peu peur d’abîmer son jouet à 3 500 € en s’en servant dans une cuisine. Cela reste utilisable, mais il est clair que le produit a été pensé pour être pris en main assis dans un siège ou devant un bureau, de préférence avec les lumières allumées. Le suivi des doigts devient très aléatoire en basse lumière : l’appareil manquant souvent des clics on est forcé à montrer ses pincements ostensiblement à la caméra. Bref, le Vision Pro pourra faire une bonne alternative à une tablette, mais pas dans tous les contextes.

Les apps préinstallées

Si l’iPad est un chouette appareil pour regarder ses photos en grand format, le pari est-il réussi pour le Vision Pro ? Assurément, oui. Le simple fait de pouvoir afficher n’importe quelle image à la taille d’un mur est déjà amusant, mais le casque brille lors du visionnage de contenu « spatial » pris avec un iPhone 15 Pro ou le casque lui-même. Ces vidéos apparaissent dans une sorte de halo fantomatique et disposent d’un effet de relief. La technologie est intéressante sur des vidéos avec un sujet, qui ressortira alors en 3D. Le concept marche bien avec les captations de concerts où les musiciens semblent plus en avant que le décor, mais aussi sur les vidéos familiales. Le fait de voir les personnes quasiment à taille réelle donne l’impression d’y être, visionOS réduisant la lumière entourant le cadre pour se plonger dans l’action.

Une vidéo de concert dans le Vision Pro.

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