L’Apple Watch toujours dans le petit bassin

Christophe Laporte |

L’Apple Watch Series 2 a ouvert de nouvelles possibilités aux sportifs. Il est possible d’emmener sa montre connectée faire des longueurs. Plus besoin en théorie de troquer son Apple Watch pour une montre spécialisée pour mesurer ses performances. Ça c’est pour la théorie du moins. Qu’en est-il vraiment ?

Activité : c’est bien, mais c’est léger

Depuis watchOS 3, l’application Exercice propose deux modes relatifs à la nage : nage en eau libre (en extérieur donc) et nage en piscine. C’est bien entendu le deuxième mode qui nous intéresse ici.

Apple n'a pas lésiné sur les moyens pour faire en sorte que son algorithme de détection de nage fonctionne de manière optimale - Crédits : Men’s Health / Spencer Lowell

Avant de vous jeter à l’eau, l’application vous demande la longueur du bassin et le tour est joué. Vous n'avez plus à vous soucier de rien jusqu’à la fin de la séance. Durant votre séance, vous pouvez suivre vos performances entre deux longueurs. Il est à noter que pour éviter certains dysfonctionnements, l’Apple Watch se verrouille automatiquement.

Tout marche très bien. Vous pouvez après votre séance accéder aux principales données dans l’application Activité : nombre de longueurs, distance parcourue, durée totale, nombre de calories brulées, rythme cardiaque moyen…

Il y a deux choses que l’Apple Watch fait très bien : la reconnaissance automatique des différentes nages que vous avez effectuées et le découpage automatique de vos séries (lire : Comment l'Apple Watch mesure les performances des nageurs). La montre sait vous dire le temps et la distance que vous avez nagés, puis le délai de récupération que vous avez pris avant de repasser la tête sous l’eau. Il est à noter que le système de reconnaissance de nages n’est pas gêné par l’utilisation d’accessoires.

Comme souvent, pour les fonctions de base, l’application d’Apple fait bien le boulot, toutefois on se frotte rapidement à ses limites. La première d’entre elles, c’est qu’elle ne dispose pas d’un mode pour prendre en compte la distance que vous parcourez lorsque vous travaillez avec une planche par exemple. C’est normal, car pendant que vos mains se tiennent à la planche, vos bras ne travaillent pas. Bref, pour l’Apple Watch, vous faites du sur-place.

L’autre regret, c’est de ne pas pouvoir exploiter mieux que ça les données enregistrées. On aimerait par exemple qu’Apple stocke tous les temps réalisés sur un 400 mètres afin de permettre de les analyser, mais rien de tel n’est proposé.

Si on veut aller plus loin, il faut regarder du côté des éditeurs tiers. On adorerait qu’Apple établisse un partenariat similaire à ce qu’elle fait avec Nike pour la course à pied. Cela assurerait aux utilisateurs d’Apple Watch amateurs de natation d’avoir une application plus poussée. En attendant, le marché des apps aquatiques sur Apple Watch se résume à trois acteurs : Speedo On, Swim.com et MySwimPro.

Avant d’entrer dans les détails, ces applications veulent jouer le rôle de coach, mais elles proposent des angles différents. Elles embarquent toutes des programmes d’entrainement destinés à vous aider à progresser. Speedo On et MySwimPro comportent également des vidéos pour vous aider à travailler des points spécifiques.

Speedo On : la pire de toutes ?

Contrairement à ses concurrentes, Speedo On ne dispose pas d’application dédiée pour Apple Watch. L’application récupère l’ensemble de vos données via Santé.

Speedo joue la carte du multi-plateforme. Vous pouvez ainsi remonter vos sessions que ce soit avec une Apple Watch, une montre Garmin ou un appareil Misfit.

C’est bien vu, mais cela a également ses limites. À force de vouloir tout prendre en charge, on finit par ne rien faire bien. Ainsi, pour une session effectuée avec une Apple Watch, Speedo On n’est pas capable de vous donner votre fréquence cardiaque moyenne et le nombre de longueurs que vous avez nagé (alors qu’il connait la distance parcourue et la longueur de la piscine 🤔).

On pourrait entrer plus en détail sur certains aspects de cette application, mais son utilisation est tout bonnement exaspérante. A côté Facebook est un modèle d’excellence. Quand vous passez d’un écran à l’autre, vous avez quasiment à chaque fois une animation pendant de longues secondes le temps que l’app charge les données.

Non seulement l’application est lente, mais elle est boguée. Lors de mes tests, toutes les minutes l’app m'a informé avoir synchronisé de nouvelles sessions de nages alors que je suis resté bien calé dans mon fauteuil.

Que l’application cherche à faire la promotion de ses accessoires, c’est de bonne guerre. Surtout que les vidéos pour vous aider à progresser sont généralement bien faites. Mais l’autre objectif avoué avec Speedo On, c’est de vous abonner à la plateforme dédiée (50 € par an) pour débloquer toutes les fonctionnalités. Dans l’état des choses, cela ne vaut clairement pas le coup.

Swim.com : la grande déception

Swim.com est une plateforme regroupant un peu plus de 22 000 nageurs. Ce service qui supporte un grand nombre de montres vous permet d’analyser assez finement vos séances. Pour chaque intervalle et chaque longueur, vous avez toute une série d’informations à votre disposition (type de nage, nombre de brasses, SWOLF, c'est-à-dire le score pour mesurer l’efficience d’une nage…).

En matière d’application, Swim.com fait figure de pionnier. L’éditeur proposait déjà une application pour la Pebble. Autant dire que son arrivée sur watchOS était attendue avec impatience.

Malheureusement, l’application ne se montre pas à la hauteur de la montre d’Apple. Au lieu d’utiliser le moteur de reconnaissance d’Apple, il utilise un algorithme maison qui est franchement moins bon.

Non seulement il reconnait moins bien les nages, mais il a tendance à saucissonner les intervalles. Par exemple, si vous avez nagé 400 mètres, il est capable de dire que vous avez fait 200 mètres, puis une courte pause de 2 secondes, un autre intervalle de 100 mètres, puis une pause et deux intervalles de 50 mètres.

Et c’est dommage, car sur le principe Swim.com est assez intéressant. Il est entièrement gratuit et son application possède la même philosophie qu’Exercice. Vous la lancez, vous nagez, et c'est tout. Mieux encore, il dispose d’un mode Drill, qui permet d’ajouter manuellement des distances effectuées avec une planche.

Mais l’application marche mal et ne s’améliore pas au fil du temps. C’est dommage, car il y avait une place à prendre. Autre regret, elle ne se fatigue pas à calculer le nombre de calories que vous avez brûlées !

Si Swim.com ne s’intéresse pas plus que cela à l’Apple Watch, c’est peut-être lié à son nouveau projet. En partenariat avec Spire, elle commercialisera pendant le printemps un maillot de bain connecté, qui embarquera un traqueur d’activité. À suivre…

MySwimPro : le plus prometteur, mais le plus complexe

De toutes les applications que j'ai testées, MySwimPro est celle qui me semble la plus intéressante sur le papier.

Elle est très loin d’être parfaite, mais son éditeur a un mérite, il l'améliore constamment. Quand on dit qu’elle n’est pas parfaite, elle peut même se montrer insupportable. Les premières versions testées avaient tendance à quitter en plein milieu d’une séance. Mais avec les dernières mises à jour, je n’ai plus eu ce genre de mésaventure.

MySwimPro est sans doute la plus ambitieuse et de loin. C'est un véritable coach qui vous accompagne même dans l’eau. L’application vous propose des séances d’entrainement qu’elle adapte à votre niveau. Pour ce faire, il suffit de lui donner des temps de référence sur une série de distances.

Comme l’application de Speedo, vous pouvez composer vous-même vos séances d’entrainement, en choisir une dans un vaste catalogue mis à votre disposition ou opter pour un programme qui comprend une série de séances afin de vous aider à bosser un point bien précis : vitesse, endurance, remise en forme… Afin de préparer chaque séance d’entrainement, MySwimPro met à votre disposition des vidéos très courtes vous montrant les points à travailler précisément.

Là où MySwimPro est unique, c’est que votre feuille d’entraînement est transférée sur l’Apple Watch. Vous n’avez donc plus qu’à « obéir » à votre montre dans le bassin et enchainer les séries à un rythme donné et avec des plages de repos bien définis. D’une certaine manière, c’est très scolaire, mais MySwimPro est sans doute l’app qui s’adresse le plus aux sportifs pour qui la nage n’est pas qu’un simple loisir.

MySwimPro est une application très complète, mais elle a toutefois un côté usine à gaz. Le design de l’app iPhone par exemple est d’un autre temps. À noter qu'elle permet également de nager sans feuille de route précise et possède un mode permettant de compter vos longueurs lorsque vous faites de la planche. Seul bémol à ce sujet, pour ce genre d’activité, MySwimPro ne cherche même pas à calculer le nombre de calories brulées.

L’autre regret, c’est que MySwimPro ne cherche pas du tout à exploiter les temps que vous faites lors des différentes séries. L’app se soucie uniquement des temps que vous faites en compétition, mais cela ne marche qu’aux États-Unis avec l’US Master Swimming. Autant dire que cela n’intéressera pas grand-monde et c’est dommage.

MySwimPro s’adresse à une niche. On peut l’utiliser gratuitement, mais pour avoir accès à toutes les fonctionnalités, il est indispensable de prendre un abonnement : 16,99 € par mois ou 95,99 € si on s’abonne pour un an.

Le mot de la fin

Quand l’Apple Watch est sortie, je pensais vraiment que ma vaillante Garmin Swim avec laquelle j’avais mes habitudes allait définitivement finir dans un placard. Pour être honnête, ce n’est toujours pas le cas, pour la simple et bonne raison que l’app de natation parfaite pour Apple Watch n’existe pas encore.

L’approche de Speedo est trop minimaliste. Swim.com a porté son application sur l’Apple Watch sans chercher à l’exploiter pleinement. De ce point de vue, ma vieille Garmin Swim est plus efficace pour utiliser cette plate-forme. Enfin, il y a MySwimPro qui contient peut-être 80 ou 90 % de ce qu’il faudrait pour toucher la perfection, mais on n’y est pas encore !

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