ARCore, la riposte de Google à ARKit

Stéphane Moussie |

Je suis, je suis, je suis : un kit de développement qui permet de créer des applications tirant parti de la réalité augmentée et compatibles avec des dizaines de millions d’appareils… non, il ne s’agit pas d’ARKit, mais d’ARCore, un nouveau projet de Google.

Google expérimente la réalité augmentée depuis 2014 avec Tango, une technologie fonctionnant avec des appareils spécifiques bardés de caméras et de capteurs, le dernier en date étant le smartphone ZenFone AR.

Anticipant certainement la déferlante ARKit qui se profile — tous les iPhone et iPad avec une puce A9 ou A10 deviendront des lucarnes de réalité augmentée sous iOS 11 —, Mountain View passe la seconde et adopte la même stratégie qu’Apple.

La plateforme ARCore n’a pas besoin de capteur spécial ni de double appareil photo pour fonctionner, elle apporte la réalité augmentée aux smartphones Android ordinaires.

Le Pixel et le Galaxy S8 sont les deux premiers terminaux compatibles annoncés, et Google espère qu’ARCore sera utilisé sur 100 millions d’appareils à la fin de sa phase de bêta. Un chiffre sans commune mesure avec le nombre de terminaux Tango en circulation, mais malgré tout inférieur aux 380 millions d’iPhone qui pourront bénéficier d’ARKit dès la sortie d’iOS 11.

ARCore, qui fonctionne avec les outils habituels des développeurs Android (Java/OpenGL, Unity et Unreal Engine), apporte trois nouvelles capacités aux smartphones :

  • motion tracking : ARCore détermine la position et l’orientation du téléphone pendant qu’on le manipule. Les objets virtuels restent ainsi en place.
  • compréhension de l’environnement : ARCore détecte les surfaces horizontales, comme les tables ou les sols, où placer les objets virtuels.
  • mesure de la lumière : ARCore mesure la lumière ambiante afin de permettre aux développeurs d’éclairer les objets virtuels d’une manière réaliste.

Ce qu’ARCore ne sait pas faire à l’inverse de Tango, c’est la mesure de la profondeur, cette opération demandant un composant spécial, comme un capteur de détection par mesure du temps de vol — dont l’iPhone 8 bénéficiera.

« [Tango] nous a beaucoup appris, il nous a aidé à repousser les limites des apps mobiles, mais nous allons vraiment nous concentrer sur ARCore », déclare Clay Bavor, le responsable de la division réalité augmentée/virtuelle de Google, dans une interview à Ars Technica. Autrement dit, Tango est abandonné, et tant pis pour le ZenFone AR qui vient à peine d’être lancé.

Pour démocratiser le plus possible ARCore, Google entend le rendre indépendant des versions majeures d’Android dont le déploiement est toujours contraint par le bon vouloir des fabricants et des opérateurs.

Google n’a annoncé pour l’heure aucune app maison tirant parti d’ARCore, mais l’entreprise a déjà des idées en tête. « Pour la géolocalisation, au lieu d’essayer de trouver où votre point bleu se situe, Maps pourrait juste vous dire “va par ici” », expose Clay Bavor.

« Nous sommes vraiment enthousiastes au sujet d’ARCore. C’était ce dont nous rêvions en investissant pendant des années dans Tango. Notre objectif maintenant est de rendre la réalité augmentée courante. » Apple voit sa concurrence d’un seul coup augmenter.

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