L'insuffisance ventriculaire gauche peut être détectée par l'ECG de l'Apple Watch

Mickaël Bazoge |

L'électrocardiogramme de l'Apple Watch est en mesure d'alerter un patient atteint d'insuffisance ventriculaire gauche (ou insuffisance de la pompe cardiaque), avec l'aide d'un algorithme mis au point par la clinique Mayo. Et ce, malgré l'unique dérivation du capteur ECG de la montre.

Pas besoin de passer un électrocardiogramme complet en clinique, qui comprend douze dérivations et qui est autrement plus compliqué à réaliser que sur l'Apple Watch — il suffit en effet de poser le doigt sur la couronne digitale pendant 30 secondes et bim.

À la base, l'ECG de l'Apple Watch peut détecter une fibrillation auriculaire, tandis que le cardiofréquencemètre mesure le pouls de façon permanente. En cas d'arythmie (battement irrégulier, trop rapide ou trop lent), l'Apple Watch envoie une notification au porteur. Le constructeur pourra ajouter à son arsenal cette alerte d'insuffisance ventriculaire gauche, si d'aventure il intégrait l'algorithme développé par le fameux réseau américain de cliniques.

Cette insuffisance touche de 2 à 3 % de la population mondiale, et jusqu'à 9 % chez les personnes âgées de 60 ans et plus. Cela commence à faire du monde, ce d'autant que l'IVG n'est pas nécessairement accompagnée de symptômes (l'affection peut toutefois être associée à une respiration difficile, au gonflement des jambes ou encore à un rythme cardiaque qui s'accélère).

Dès que le médecin sait qu'un patient est atteint de cette maladie, il peut agir en conséquence : il existe des traitements. Encore faut-il le savoir… Un diagnostic d'insuffisance ventriculaire gauche s'obtient avec un échocardiogramme, un scanner ou une IRM. C'est là qu'intervient l'Apple Watch, sur laquelle il est très facile de faire un ECG. Pour concevoir cet algorithme, les chercheurs ont modifié celui qui sert avec un électrocardiographe à douze dérivations.

Il a fallu exploiter l'intelligence artificielle pour adapter cette technique à un ECG doté d'une seule dérivation. Pour vérifier et affiner les résultats, une étude a été organisée auprès de 2 454 participants de onze pays, possesseurs d'iPhone, de l'app Mayo Clinic et d'une Apple Watch Series 4 ou plus récente, qui ont envoyé plus de 125 000 électrocardiogrammes sur une période de six mois.

Selon les données préliminaires, l'algorithme donne des résultats aussi bons ou légèrement meilleurs qu'un test traditionnel. « L'analyse avec l'intelligence artificielle de l'ECG d'une montre est un test puissant pour identifier l'insuffisance ventriculaire gauche », se réjouit le docteur Itzhak Zachi Attia, responsable IA au département de la médecine cardiovasculaire de la clinique Mayo.

Ce test démontre en tout cas que l'ECG de l'Apple Watch, bien que limité avec sa dérivation unique, peut fournir des informations médicales utiles. De quoi renforcer l'usage « clinique au poignet » de la montre.

Entretien : les cardiologues face à l’ECG de l’Apple Watch

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