John Carmack reste sceptique sur la réalité mixte comme technologie de masse

Florian Innocente |

Les démonstrations d'usages de la réalité mixte qui ont pu être faites avec les casques des uns et des autres laissent John Carmack sur sa faim. L'intérêt de cette approche pour le plus grand nombre reste à démontrer, dit-il.

L'homme a travaillé de près sur le sujet puisqu'il avait rejoint Occulus VR en 2013 et qu'il était resté chez Facebook lorsque celui-ci a acheté ce pionnier de la réalité virtuelle l'année suivante. Carmack a quitté Meta en décembre dernier, frustré de n'avoir pu peser sur certaines orientations.

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Dans un long tweet, il se déclare peu convaincu par l'idée que les applications de réalité mixte vont aider, de quelque manière que ce soit, à vendre plus de casques. À faire sortir ces accessoires de leur marché de niche.

Il ne cite personne ni aucun produit nommément — pas plus le Vision Pro d'Apple que le Quest 3 de Meta — mais plutôt ce principe en général qui consiste à fusionner du virtuel avec le réel.

C'est très bien de vouloir obtenir un rendu de très haute qualité visuelle « Mais je ne vois tout simplement pas en quoi des applications conçues pour intégrer leur affichage avec votre environnement réel sont des killer apps », dit-il. Il s'agit certes d'une technologie intéressante et stimulante, mais qui se cherche encore une raison d'être, selon lui. Et ce qui est montré lors des démos peine à le convaincre.

Pour le co-créateur de Doom, l'aspect intéressant dans la réalité virtuelle — qui pour le coup ne cherche pas à faire participer l'environnement extérieur — est qu'elle a les moyens de remplacer ce qu'il y a autour de soi par « quelque chose de nettement mieux, pas de suspendre un écran virtuel dans votre environnement réel ». Il ajoute :

Dans toutes les démonstrations vidéo très soignées où l'on voit l'avenir que propose la réalité mixte, les lieux sont toujours très designs, rangés et spacieux. Ce n'est pas représentatif de ce que les utilisateurs connaissent.

Avant d'aller dans cette direction, il y a des choses plus simples à faire, estime Carmack. Dans un autre tweet, il admet que certains usages peuvent néanmoins se prêter à la réalité augmentée, dans le cadre d'apprentissage ou de formation à des appareils par exemple. Cela reste des scénarios de faible audience toutefois, pas applicable à un usage large et grand public.

En avril dernier, sur le même sujet, il regrettait que les casques en l'état actuel ne soient qu'un énième appareil électronique qui s'ajoute aux autres, au lieu d'avoir la capacité de les remplacer. Trop lents, trop fastidieux à utiliser, il leur manque une spontanéité d'utilisation que l'on connaît avec les smartphones :

Les premiers utilisateurs, ceux qui sont à la pointe de la technologie, achètent tout. Vous avez un casque VR en plus de votre deuxième, troisième, quatrième téléviseur, de votre tablette, de votre Chromebook et de toutes ces choses. Mais pour toucher le reste du monde, il faut remplacer ces éléments.

Il faut que l'on arrive à un point où l'on puisse dire : eh bien, si vous achetez le casque VR, vous n’avez pas besoin d’acheter ce Chromebook. Vous pouvez simplement y attacher un clavier. Vous n’avez pas besoin d’acheter ce téléviseur supplémentaire, vous y avez votre cinéma sur grand écran. Vous n’avez pas besoin de cette tablette, elle pourra y exécuter les applications Android directement.

Et ce qui est super frustrant, c’est que tout est déjà là. C’est juste une question de volonté… Il n'y a qu'à s'y mettre. Les développeurs ont simplement à aller dans une direction plutôt qu'une autre. Je suis donc toujours très optimiste quant à ce qui nous attend, et au fait que ces casques sont porteurs d'une grande valeur ajoutée.

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