Marché de la santé : aucun droit à l’erreur pour les constructeurs, d'après une ancienne d’Apple

Mickaël Bazoge |

Quelle doit être l’approche des entreprises high-tech sur le marché de la santé ? À cette question, Robin Goldstein, qui a travaillé 22 ans pour Apple, apporte une réponse ferme : les constructeurs et éditeurs de services n’ont pas le droit de se planter. La stratégie, largement partagée dans la Silicon Valley, qui consiste à se planter pour mieux se relever est à proscrire.

Cette opinion, publiée par CNBC, est intéressante en ce qu’elle renseigne des réflexions qui ont sans doute eu lieu au sein de Cupertino. Robin Goldstein a en effet terminé sa carrière chez Apple en tant que directrice des projets spéciaux pour la santé, et il est fort probable que le constructeur soit en droite ligne avec son ancienne cadre.

Elle rappelle tout d’abord que les flops de certains appareils électroniques comme le Cube d’Apple ou le Fire Phone d’Amazon n’ont pas eu de conséquences dramatiques pour les constructeurs. « Un mauvais produit ou une mauvaise expérience utilisateur n’a pas de ramifications au-delà du produit ou de l’expérience », écrit-elle. Après un four, les entreprises peuvent toujours redémarrer de zéro.

Il en va tout autrement du marché de la santé. Les produits destinés à ce segment « connectent les utilisateurs à leur propre mortalité », décrit Robin Goldstein. L’enjeu ultime pour ces appareils, c’est « la vie et la mort ». Et on ne rigole pas avec ça…

Les produits santé ne se destinent pas uniquement à l’utilisateur : ils doivent aussi servir à établir le diagnostic par le médecin ou les personnels de santé. Les constructeurs doivent adapter leurs discours non seulement aux consommateurs, mais aussi envers les professionnels (et aux autorités de santé). Un parcours long et semé d’embûches : Apple a ainsi pris langue avec la FDA, l’organisme qui autorise la mise sur le marché de nouveaux médicaments et d’équipements santé, avant même le lancement de sa montre connectée.

Le bracelet Kardia Band de la société AliveCor, qui donne des relevés de fréquence cardiaque plus précis.

Enfin, l’ex-dirigeante prend exemple sur Theranos, cette entreprise qui avait inventé un système soi-disant révolutionnaire d’analyse du sang, pour confirmer l’adage : « On n’a pas de seconde chance pour faire une bonne impression ». Après une descente aux enfers spectaculaire, Theranos a fini par fermer ses portes. Dans le secteur de la santé, un mauvais résultat peut se montrer véritablement désastreux.

Désastreux non seulement pour l’entreprise, mais aussi pour l’ensemble de l’industrie. Mieux vaut donc y aller à pas de velours et prendre le temps de faire bien les choses. On le sait, Apple s’intéresse de très près à l’énorme gâteau du marché de la santé ; le constructeur le grignote déjà avec ResearchKit et CareKit, et la rumeur annonce régulièrement le développement d’un appareil non-invasif de mesure de la glycémie.

Mais on comprend qu’Apple ne veuille pas non plus précipiter les choses pour ne pas se tromper, et se fermer des portes que le constructeur aura ensuite bien du mal à rouvrir.

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