Test de la TicWatch Pro : deux écrans pour davantage d’autonomie

Mickaël Bazoge |

On peut quasiment compter sur les doigts d’une seule main les nouvelles montres Wear OS sorties depuis le début de l’année. Alors quand on en tient une, et qui se révèle en plus originale, impossible de la lâcher ! La TicWatch Pro sort en effet du lot, et elle a l’avantage de ne pas coûter un bras. Mais est-ce un bon produit pour autant ?

Sur le papier, Mobvoi a tout compris. Avec la TicWatch Pro, le constructeur promet un appareil complet, offrant jusqu’à 30 jours d’autonomie — un record pour une montre connectée avec un écran tactile — à un prix très abordable (250 €). Une montre connectée qui coche toutes les cases de la liste des exigences des utilisateurs, en somme ! La réalité est toutefois un peu différente.

Faites de la place

Malgré un nom un petit peu ridicule, la TicWatch Pro en impose. Au poignet, pour commencer : pour quelqu’un (moi) qui a l’habitude de porter une Apple Watch depuis trois ans, la montre de Mobvoi a toutes les allures d’un énorme hublot prenant beaucoup de place !

La TicWatch Pro a un diamètre de 45 mm, ce qui correspond effectivement à une grande taille dans le petit monde de l’horlogerie (on entend souvent dire qu’au-delà de 46 mm, c’est vraiment trop grand). En comparaison d’une Apple Watch 42 mm, la différence est notable.

La montre de Mobvoi n’est ni pour les petits poignets ni pour les yeux fragiles. C’est indéniablement un produit pour les mecs, les vrais, ceux avec une barbe option tatouage. Le design n’est pas vilain, notez bien : c’est brut et industriel, sans fioritures ni chichis. La lunette en fibre de carbone repose sur une base nylon, sur laquelle on trouve deux boutons métalliques.

À l’arrière prennent place les quatre contacts de recharge et le cardiofréquencemètre intégrés dans un châssis en métal. Le boîtier est certifié IP68, il est protégé contre la poussière et l’eau. Sur le plan des finitions, la TicWatch Pro en offre plus que bien d’autres montres connectées provenant de constructeurs plus connus. Le bracelet fourni mêle habilement silicone (qui repose sur la peau) et cuir italien à l’extérieur pour le côté show off. Le système de pompes permet de remplacer facilement le bracelet.

Malgré ses dimensions généreuses (12,6 mm d’épaisseur, contre 11,4 mm pour l’Apple Watch), la montre demeure relativement légère et agréable au poignet. À l’intérieur, Mobvoi n’a pas fait les choses à moitié puisqu’on y retrouve les caractéristiques classiques des montres Wear OS les plus courantes : puce Snapdragon Wear 2100, 4 Go de stockage, 512 Mo de RAM, un GPS, une puce NFC, le Bluetooth 4.2 et le Wi-Fi b/g/n (uniquement 2,4 GHz, comme l’Apple Watch).

Sur le plan du design comme sur celui de la technique, Mobvoi n’a donc pas à rougir de la comparaison avec les autres constructeurs de montres connectées. Le créateur de la TicWatch Pro se paie même le luxe d’aller encore plus loin que la concurrence avec une innovation inédite sur ce segment : deux écrans !

Deux écrans sinon rien

Évidemment, la TicWatch Pro ne présente qu’un seul écran (rond) à l’utilisateur. Mais celui-ci est double couche : par dessus l’écran AMOLED de 1,39 pouce (400 x 400) se tient un deuxième écran LCD à matrice passive (FSTN). Un second écran monochrome dont une des principales caractéristiques est de se montrer très économe.

Les deux écrans de la TicWatch Pro.

La TicWatch Pro embarque une batterie d’une capacité de bonne taille (415 mAh), mais le processeur de Qualcomm accusant son âge (une nouvelle génération est dans les tuyaux), on n’obtiendra que deux journées d’autonomie en n’utilisant que l’écran AMOLED (j’ai tenu 21h30 en tout). Guère plus finalement qu’avec l’Apple Watch Series 3.

L’affichage sur l’écran FSTN.

Pour remplir sa promesse d’une autonomie pouvant filer jusqu’à 30 jours, la TicWatch Pro met son deuxième écran FSTN à contribution. Par défaut, c’est lui qui prend la main lorsqu’on ne se sert pas de la montre ; son cadran est relativement simple, il affiche l’heure (ouf), la date, le nombre de pas, le rythme cardiaque et le niveau de batterie. À terme, Mobvoi promet plus de fonctions, mais on a déjà là constamment sous les yeux les informations de base.

En utilisation « mixte », le constructeur annonce jusqu’à 5 jours d’autonomie. Dans les faits, j’ai rarement dépassé les trois jours pleins, ce qui est clairement une déception par rapport à la promesse initiale. Cela reste toutefois meilleur que bien des montres connectées du marché.

La recharge de la montre s’opère via un socle magnétique.

La bonne idée de Mobvoi est de proposer l’activation du mode « Essentiel » (uniquement l’écran FSTN) lorsque la batterie bat de l’aile. On peut alors prolonger la durée de vie de la montre de deux ou trois jours supplémentaires, ce qui sera bien pratique en cas de week-end prolongé loin d’une prise électrique… Les 30 jours d’autonomie seront atteints en utilisation uniquement « essentielle ». On se privera alors des fonctions de Wear OS.

Autonome et indépendante

La TicWatch Pro fonctionne donc sous Wear OS, anciennement Android Wear, le système d’exploitation de Google destiné aux montres connectées. Ceux qui viennent de watchOS auront au début un peu de mal à y retrouver leurs petits tellement l’interface semble mal fichue et peu ergonomique. Cela va changer avec la prochaine version de l’OS, attendue sous peu.

Chaque cadran a ses propres réglages, pour y intégrer des complications par exemple.

Mais en attendant, il faut faire avec l’existant et ce n’est pas forcément simple. Il importe déjà de comprendre comment fonctionne le bazar : à l’instar de certains constructeurs de smartphones Android, Mobvoi a intégré des préférences et des contrôles qui s’ajoutent à ceux de Wear OS. On se retrouve donc à devoir jongler avec deux jeux de réglages…

La navigation dans les notifications est à mon goût inutilement compliquée, mais il faut reconnaitre que l’interface de watchOS n’est pas forcément l’évidence même. En plus de son écran tactile, la TicWatch Pro possède deux boutons physiques : le premier sert à basculer entre le cadran et Wear OS, le second peut être personnalisé (par défaut, il lance l'app Fitness).

Contrairement à watchOS qui a toujours du mal à couper le cordon, Wear OS est un système presque totalement indépendant du smartphone compagnon. On peut ainsi accéder à un réseau Wi-Fi en saisissant le mot de passe directement depuis la montre ; une possibilité qui attendra watchOS 5 pour l’Apple Watch.

Coup d’œil dans le Play Store, accessible directement depuis la montre.

Wear OS permet aussi de naviguer dans le catalogue d’apps depuis la montre, et de les télécharger. L’écran n’est pas immense, mais avoir ainsi accès à la sélection du Play Store de la sorte évite les allers et retours entre la montre et le smartphone (on ne peut d’ailleurs pas récupérer d’apps Wear OS depuis l’application iOS).

Par ailleurs, Wear OS se veut plus ouvert que son concurrent direct : le choix de cadrans est pléthorique, certains se montrant plus sobres et personnalisables que d’autres.

Les fonctions sportives ne sont bien sûr pas oubliées, notamment grâce à Google Fit qui a été récemment revu avec ses deux anneaux à remplir au fil de la journée (pour les minutes actives et le cardio). On trouve aussi plusieurs équivalents de l’app Exercice, alors il faudra choisir son camp même si les données finissent par tomber dans le même pot commun Fit.

Dans le cadre d’une utilisation « sportive », la TicWatch Pro n’est pas spécialement pratique en raison de son encombrement un peu embarrassant. Pour le reste, et comme pour la vaste majorité de la concurrence, la montre relève le nombre de pas, les calories brûlées, le rythme cardiaque. Le tout de manière transparente comme il convient.

Globalement, toute la gestion de la TicWatch Pro se déroule donc à même la montre, l’iPhone ayant la portion congrue dans ce domaine. On a tout de même la possibilité de télécharger deux applications : Mobvoi et Wear OS. Elles font parfois doublon en termes de fonctions, comme au niveau de la collecte des données sportives par exemple.

Les apps Wear OS et Mobvoi.

L’app Mobvoi se distingue malgré tout par la fonction de création de routines domotiques, alors que Wear OS sait régler des préférences pour l’assistant Google, les notifications (choix des apps), ou encore les rendez-vous (sélection de l’agenda de prédilection). Bref, il importe de fouiller un peu partout pour trouver chaussure à son pied.

Pour conclure

La TicWatch Pro est indéniablement une des meilleures montres connectées Wear OS de l’année… car c’est aussi une des rares qui soient sorties ! Mobvoi ne s’est toutefois pas contenté de lancer une « simple » smartwatch : non seulement le produit est complet, mais encore il tente de contourner les limitations de son processeur vieillissant avec ce second écran.

Cette innovation est originale et elle permet effectivement de préserver (un peu) de batterie. Ce n’est toutefois pas fou-fou, et en fonctionnement mixte la TicWatch Pro ne fait pas tellement mieux que l’Apple Watch. Toutefois, si on n’a pas toujours besoin des fonctions connectées de Wear OS, alors l’affichage basique du second écran permettra de tenir quelques jours de plus, voire au-delà.

La TicWatch Pro a aussi pour elle son prix tout serré : sur le marché Wear OS, il est difficile de trouver mieux et plus complet pour les 250 € demandés. Après, on pourra toujours reprocher le design « paquebot » de la montre et la confusion inhérente à la plateforme de Google.

De plus, le timing n’est pas spécialement bon alors que Qualcomm va lancer sa nouvelle puce pour montres connectées, qui va permettre aux constructeurs de développer des produits plus petits et plus autonomes.

Note

Les plus :

  • Prix
  • Montre polyvalente et pratiquement indépendante
  • Effort sur l’autonomie
  • Finitions honorables

Les moins :

  • Monstre au poignet
  • Wear OS toujours un peu confus
  • Timing pas idéal
  • Nom un peu ridicule
7
10

Prix :

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