Une montre Android Wear avec un iPhone ? Oui, mais…

Anthony Nelzin-Santos |

Vous avez un iPhone, et vous êtes intéressé par les montres connectées… mais pas par l’Apple Watch. Pebble a rejoint le cimetière des éléphants de la technologie, et ses montres ne seront plus jamais mises à jour. Samsung assure que ses montres sont compatibles avec l’iPhone, mais prévient que leur « connexion pourrait être instable ». Restent… les montres Android Wear.

Depuis Android Wear 2.0 en effet, certaines montres des partenaires de Google sont compatibles avec iOS, par l’intermédiaire de l’application du même nom. Une petite vingtaine de montres sont concernées :

Il y a là de quoi trouver montre à son poignet, que l’on préfère une toquante sportive ou une patraque luxueuse, de 150 € à 4 800 €. Quelques montres utilisant d’anciennes versions d’Android Wear peuvent être utilisées avec un iPhone, mais leur utilité est extrêmement limitée, et leur connexion capricieuse.

Comme les montres d’Apple, les montres Android Wear demandent un iPhone 5 ou plus récent. L’application Android Wear se satisfait d’iOS 9, mais iOS 10 est recommandé. Pour notre part, nous avons utilisé la Fossil Q Marshal FTW2107, au boîtier en acier brossé noir monté sur un bracelet silicone noir, avec un iPhone 7 Plus sous iOS 10.

Comme toutes les applications de Google, l’application Android Wear « importe » les canons esthétiques d’Android sur iOS, et demande la connexion à un compte Google. La firme de Mountain View a toutefois fait un effort d’intégration : la montre est détectée automatiquement, sans qu’il faille passer par les réglages du système ou une boîte de dialogue.

Malheureusement, elle ne récupère pas les informations de connexion au(x) réseau(x) Wi-Fi, une possibilité pourtant offerte par Apple. Il faut donc entrer le mot de passe sur la montre elle-même, qui n’est compatible qu’avec les anciens réseaux 2,4 GHz. Reste que le paramétrage n’est pas bien compliqué, parce que l’application iOS… ne sert pas à grand-chose.

Le fait est que les montres Android Wear sont bien moins dépendantes du téléphone que l’Apple Watch ne peut l’être. Un seul exemple : la montre possède une application Play Store, qui permet d’installer d’autres applications et cadrans (comme l’excellent Bits). Cela ne veut pas dire que l’approche de Google est nécessairement supérieure à celle d'Apple.

L’installation d’applications depuis la montre se révèle très rapidement fastidieuse (il est heureusement possible de déclencher l’installation depuis la boutique web), comme la plupart des opérations demandant plus de deux ou trois interactions avec l’écran. Un écran circulaire, auquel l’interface d’Android Wear n’est clairement pas adaptée.

Seul le tiers central de l’écran affiche les éléments dans leur intégralité, si bien que l’on passe son temps à défiler sur une zone d’autant plus restreinte qu’il faut poser les doigts sur l’écran, en l’absence de couronne (façon Apple Watch) ou de lunette (à la Gear S3) rotative. On est à deux doigts de la catastrophe ergonomique.

Et puis la montre n’est pas tout à fait indépendante du téléphone : à défaut de posséder sa propre connexion au réseau cellulaire, comme quelques modèles, la Fossil Q Marshal est tributaire de l’iPhone pour certaines opérations. Les limites de la compatibilité iOS d’Android Wear apparaissent alors rapidement :

  • la montre peut recevoir des appels, mais certains modèles ne possèdent pas de micro et/ou de haut-parleur ;
  • elle peut recevoir des messages, mais il n’est pas possible de répondre, même avec des réponses prédéfinies ;
  • elle peut recevoir des e-mails, à condition qu’ils proviennent d’un compte Google, mais permet de répondre avec un minuscule clavier ou la dictée ;
  • elle peut notifier d’un rendez-vous, mais il faut choisir entre les calendriers du compte Google et ceux du téléphone ;
  • elle transmet les notifications des applications iOS, mais il n’est pas possible d’en faire quoi que ce soit.

Ce dernier point appelle d’ailleurs deux commentaires. Premier point : si vous avez installé Twitter sur votre iPhone et votre montre Android Wear, les deux applications possèdent peu ou prou les mêmes données, mais ne peuvent pas communiquer l’une avec l’autre. Une notification Twitter s’affichera donc comme une simple notification, pas comme une notification riche liée à l’application.

Comme l’iPhone fournit une connexion internet à la montre, et que beaucoup d’applications Android Wear sont assez complexes, il est toujours possible de lancer l’application et de réaliser beaucoup d’opérations sans passer par le téléphone, même si ce n’est pas forcément confortable. Sauf que deuxième point : la connexion avec le téléphone n’est pas toujours stable, et la connexion Wi-Fi de la montre est d’une fiabilité toute relative.

Ce problème n’est pas spécifique à la montre Fossil que nous avons choisie, mais généralisé, et explique que l’application Android Wear soit si mal notée sur l’App Store. Or si la montre est déconnectée, des fonctions aussi simples que la météo et l’assistant vocal sont inopérantes. Et même lorsqu’elle est correctement connectée, elle refuse parfois d’afficher les notifications. Reste l’heure, qui s’affiche en permanence à l’écran, sans doute le point le plus positif des montres Android Wear.

L’utilisation d’une montre Android Wear avec un iPhone tient finalement du supplice des mille coupures : rien ne fonctionne complètement mal (Google a fait ce qu’elle peut), mais rien ne fonctionne parfaitement bien (Apple s’assure du contraire). De manière assez paradoxale, cette compatibilité permet d’envisager de passer d’Android à iOS en conservant sa montre Android Wear, au prix de sacrifices fonctionnels toutefois.

Le manque de fiabilité de la connexion entre le téléphone et la montre, et entre la montre et le réseau Wi-Fi ; l’impossibilité d’interagir avec la plupart des notifications ; la gestion très défaillante des appels et des messages : voilà pourquoi il est difficile de recommander l’acquisition d’une montre Android Wear à un utilisateur d’iPhone. Android Wear est compatible avec iOS, mais « compatible » ne veut pas dire « fonctionnel ».

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