AirPods Pro : une mise à jour mezza-voce

Anthony Nelzin-Santos |

Apple avait promis une présentation far out, et effectivement, elle s’est tenue bien loin d’un rythme métronomique. Le dévoilement spectaculaire de l’Apple Watch Ultra a suivi la déclinaison routinière des fonctions de l’Apple Watch Series 8. Après la présentation ronflante des rares nouveautés de l’iPhone 14, les cadres d’Apple se sont gargarisés de l’« ile dynamique » et du « moteur photonique » de l’iPhone 14 Pro. Pour ne rien arranger, une partie des fonctions annoncées avec les AirPods Pro… l’avaient déjà été.

Image Apple.

Soyons bien clairs : nous n’attendions pas qu’Apple case un deuxième transducteur, une demi-douzaine de capteurs biométriques, et une batterie violant les lois de la physique dans une paire d’écouteurs pratiquement invisibles. Cet été a encore montré l’importance de distinguer les vœux pieux de gamins impatients d’obtenir leur quart d’heure de gloire sur les réseaux sociaux des indiscrétions obtenues de haute lutte par des analystes campant au pied des usines.

Mais tout de même, le silence d’Apple sur les méthodes de transmission est étonnant, alors qu’elles forment le principal avantage concurrentiel de la gamme AirPods. Apple semble intéressée par la spécification Bluetooth LE Audio, et semblait vouloir prendre en charge le codec LC3, qui remplacera avantageusement le codec SBC sur les appareils incompatibles avec le codec AAC préféré par la firme de Cupertino.

La fiche technique des AirPods Pro de deuxième génération mentionne la spécification Bluetooth 5.3, mais ne dit rien des codecs employés. Pas plus qu’elle n’évoque le système de diffusion Auracast, qui permettrait de partager une même source sonore à deux paires d’écouteurs1, ou de se « brancher » sur l’audioguide d’un musée ou les annonces d’une gare. Apple affectionne pourtant les fonctions de « continuité » comme celles d’accessibilité.

Les ingénieurs de la firme de Cupertino maugréaient contre la faible bande passante du Bluetooth, tout en claironnant leur capacité de « contourner certaines limites » avec des extensions propriétaires. Alors qu’elle s’apprête à lancer une offre de streaming de musique classique, et que Qualcomm tord la définition du lossless pour vanter les mérites de son codec AptX, le silence d’Apple sur le sujet peut étonner.

D’autres fonctions étonnent moins… parce qu’elles avaient déjà été annoncées. La fonction d’« audio spatial personnalisé », qui utilise la caméra True Depth pour modéliser la forme de votre tête et ajuster la spatialisation en conséquence, n’est absolument pas réservée aux AirPods Pro de deuxième génération. Nous vous l’avions présenté il y a trois mois, avec une paire d’AirPods Pro de première génération, et la première préversion d’iOS 16.

Cela ne veut pas dire que ces nouveaux AirPods Pro ne seront pas d’excellents écouteurs. Les nouveaux algorithmes programmés dans la puce H2 et la nouvelle membrane du transducteur promettent une amélioration sensible de la réduction active de bruit. Le mode Transparence peut maintenant laisser passer le bruit ambiant tout en protégeant vos oreilles des sons répétitifs (comme le ronron des outils électriques) et des fréquences agressives (comme le pimpon d’une sirène).

La zone tactile de la tige ne détecte plus seulement les pressions, mais aussi les glissements, et permet donc — enfin — de contrôler le volume. Tous ces changements sont bienvenus, mais d’une certaine manière, ils ne font que ramener les AirPods Pro au niveau d’une concurrence qui a formidablement progressé ces dernières années. Sony et Samsung n’ont pas à rougir, et Google fait forte impression avec ses Pixels Buds Pro.

Apple s’est félicité de concevoir ses produits en gardant en tête son objectif de neutralité carbone, sauf pendant la présentation des AirPods Pro de seconde génération, qui mentionne seulement le recyclage. Et pour cause ! Le boitier gagne un passant pour dragonne et un hautparleur, mais comporte toujours une batterie scellée. Les écouteurs sont toujours des déchets en puissance, dont la batterie ne peut pas être remplacée, et donc les composants ne peuvent être séparés aisément.

Les AirPods restent décidément le talon d’Achille de la démarche environnementale d’Apple. Nous prendrons en compte cet aspect dans nos futurs tests, comme vous devriez le prendre en compte au moment de l’achat. Les minuscules batteries des écouteurs, rudement mises à l’épreuve au quotidien, s’usent rapidement, sans autre recours que le remplacement. À coup de 55 € par-ci et 65 € par-là, et alors que les prix des AirPods Pro n’a pas baissé, cela commence à faire cher.


  1. Apple propose une fonction similaire, mais uniquement avec des AirPods.  ↩︎

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