Test de l'Apple Watch Series 6

Florian Innocente |

La première publication de cet article date du 23 septembre 2020 (lire : Magie de Noël : ces articles du Club iGen passent en accès libre).

Sur le papier, l'Apple Watch Series 6 est une nouvelle génération comme chaque automne nous en amène. Dans les faits, ce modèle ne renverse pas la table mais il continue de cocher des cases qui complètent et améliorent son profil de montre tout public avec une forte orientation forme et santé. Faut-il se précipiter sur cette édition 2020, et ce alors qu'on a le sentiment qu'Apple n'a pas encore tout dit à son sujet ? La réponse dans notre test.

Bleu et rouge sur les modèles aluminium seulement

Le clip de pub pour la nouvelle Apple Watch témoigne du relatif manque de grandes nouveautés de ce modèle. Sur un ton humoristique, il énumère 9 fonctions de la montre. Une seule néanmoins est exclusive à la Series 6 (la mesure du taux d’oxygène dans le sang), une autre est disponible aussi sur d'anciens modèles (le suivi du sommeil) et une autre enfin est améliorée avec la Series 6 (la mesure de l'altitude). Les six autres atouts présentés existent depuis toujours ou remontent à la Series 4.

Cette génération s'avère être un mélange de rares fonctions inédites et d'améliorations ici et là. Sur le plan esthétique d'abord, on a droit sur les modèles aluminium à deux coloris qu'Apple n'avait jamais tentés jusque-là sur une Apple Watch : un rouge qui évoque celui des boules de Noël et un bleu sombre et plus discret. Quant aux coloris argent, or et gris sidéral ils sont toujours là.

Le revers diffère (Series 5 à gauche et 6 à droite) avec l'arrivée de capteurs supplémentaires pour la mesure du taux d'oxygène sanguin

Avec les modèles acier Apple a fait évoluer le coloris doré vers un ton plus jaune et les Edition perdent la version céramique pour ne proposer que les boitiers titane (lire Test de l’Apple Watch Series 5 Edition en titane). Enfin, on peut toujours compter sur des variantes Hermès et Nike de ces Series 6 (lire Pourquoi choisir plutôt une Apple Watch version Nike).

Un écran plus lisible

Bonne surprise lorsqu'on commence à porter une Series 6, la lisibilité des cadrans s'améliore lorsqu'on est dans le mode « Toujours activé ». Celui où l'affichage est légèrement estompé parce qu'on ne regarde pas directement sa montre, ou lorsqu'on a le poignet baissé ou encore posé sur la table. La luminosité peut être jusqu'à 2,5 fois plus importante que sur une Series 5, affirme Apple. Difficile d'être aussi précis mais il est exact que les textes, les chiffres et les visuels ressortent mieux, même en plein soleil. Ce n'est pas qu'une vague impression.

Series 5 en haut, Series 6 en bas, écran semi-éteint
Series 5 à gauche, Series 6 à droite, écran semi-éteint
Series 5 à gauche, Series 6 à droite, écran semi-éteint
Series 5 à gauche, Series 6 à droite, écran semi-éteint
Series 5 en haut, Series 6 en bas, en plein soleil et écran semi-éteint

Plus concrètement, lorsque la montre était dans cet état légèrement estompé, jamais je ne me suis retrouvé à ne pas pouvoir lire l'heure et à devoir forcer la réactivation complète de l'écran. Mon collègue Christophe a fait le même constat lorsqu'il jetait un œil à sa montre lors de sorties à vélo, et dans ce genre de situation, n'importe qui apprécie d'avoir un cadran toujours lisible.

Dans d'autres circonstances, ici une pièce sombre, la différence porte d'abord sur les couleurs. Ce que révèle bien la seconde photo où les couleurs bleu rouge sont plus marquées et où le blanc tire bien moins sur le vert.

Series 5 à gauche, Series 6 à droite
Series 5 à gauche, Series 6 à droite

Avec watchOS 7 on peut même changer de cadran ou toucher une complication alors que l'écran est estompé, plus besoin de le rallumer complètement d'abord. C'est pratique, c'est une étape de moins mais il peut arriver en contrepartie qu'on change de cadran sans le vouloir, après un contact inopiné avec l'écran.

Performances

Dans cette Series 6, Apple utilise un processeur S6 bicœur dérivé de l'A13 des iPhone 11, et de clamer qu'il peut être jusqu'à 20 % plus véloce que son prédécesseur. Il saura ouvrir les apps avec le même pourcentage d'accélération.

C'est un beau chiffre qu'il convient tout de même relativiser. À partir des Series 3, les lenteurs qui entachaient l'utilisation de l'Apple Watch ont commencé à bien s'effacer et les Series 4 ont enfoncé le clou. Depuis cette génération de 2018, la question des performances ne fait plus débat.

Et si l'on considère qu'une app va mettre au pire 0,5 seconde à se lancer, les 20% de gains représentent une misère. Ça ne changera rien sur des tâches qui s'exécutent déjà en une fraction de seconde puisque, par définition, les interactions avec l'Apple Watch sont toujours brèves dans le temps.

Autonomie

Toute amélioration est bonne à prendre néanmoins, dès lors que ça ne pénalise pas l'autonomie. 18h d'autonomie, c'est ce que l'on peut espérer, annonce Apple, avec les réserves habituelles sur le contexte d'utilisation.

Lors de mes essais j'ai amplement tenu la journée avec une incursion jusque très tard dans la soirée, et c'était déjà le cas avec la Series 4 qui est généralement encore remplie au moins à moitié.

Ma Series 6 de test (un modèle GPS de 44 mm) n'était bridée sur rien : luminosité réglée au maximum, cadrans en mode Toujours activé, relève en arrière-plan du taux d'oxygénation sanguin (on y reviendra plus loin), fonction de mesure du niveau sonore ambiant active aussi et les rappels de se laver les mains. Au final, pas de mauvaises surprises.

Quelques exemples de temps d'utilisation obtenus :

  • 100% à 8h00 et 27 % à minuit avec 30 min de course à pied et pas mal de notifications
  • 100% à 7h et 40 % à minuit avec uniquement des notifications
  • 100% à 6h30 et 38 % à minuit avec 45 minutes de sport. Cette fois j'ai gardé la montre pendant la nuit (en activant le mode Spectacle pour éviter que l'écran ne s'allume). Au réveil, à 6h30, elle en était à 25 %. 11 relevés sur taux d'oxygène avaient été effectués en tâche de fond pendant le sommeil (détails plus loin). La montre s'est éteinte à midi pile et j'avais enregistré une marche de 20 min dans la matinée. Au total, elle a tenu quelque chose comme 29h 30 min.

Mon collègue Christophe a comparé sa Series 5 (dont il avait coupé la partie cellulaire) avec une Series 6 (GPS). En partant à chaque fois d'une batterie remplie à 100 % il a pu constater que la Series 6 dévorait bien moins la batterie (Apple parle de consommation plus réduite des Series 6 sur les activités de course sur tapis et en extérieur). En gardant à l'esprit bien sûr qu'il utilise sa Series 5 depuis un an et que sa batterie n'est plus aussi fringuante qu'avant.

Pourcentage restant en partant à chaque fois de 100 %

Dans les situations où la batterie est quasiment vide ou en mode réserve (lire aussi Depuis 2 jours mon Apple Watch est une montre), la recharge est plus rapide avec cette génération. Apple parle de 1h 30 min pour passer de rien à 100% et c'est ce que nous avons obtenu grosso modo. Il nous a fallu 1h 40 mn sur une Series 6 (et 10 min pour remonter à 10 %) contre 2h 25 min sur une Series 4.

Entre une batterie qui se tient bien et cette recharge plus rapide, tous ceux qui dorment avec leur Apple Watch et ont besoin de la recharger autant que possible entre le réveil et le départ au travail y trouveront un avantage. Il ne faut cependant pas oublier de mentionner une lacune qui perdure depuis la première Apple Watch : l'incompatibilité avec les chargeurs Qi standards. Chose que Samsung ou Huawei ont réglé avec leurs derniers modèles. Chez Apple il faut toujours un chargeur exclusif à l'Apple Watch.

Oxygénation sanguine

La mesure de l'oxygénation sanguine (ou SpO2) est la grande affaire de cette Series 6 dans le registre de la santé. Elle vise notamment à signaler d'éventuels troubles respiratoires (on reparlera ce sujet dans un prochain article). Ce calcul utilise de nouvelles diodes rouges logées sous la montre, venues s'ajouter aux vertes des modèles précédents.

On peut effectuer cette mesure manuellement avec l'app « Oxygène sanguin » (on s'y prend de la même manière qu'avec l'ECG en laissant le poignet à plat immobile et en évitant de le faire juste après une grosse dépense physique). Veillez aussi à ce que votre bracelet ne serre pas trop fortement le poignet ou l'inverse, sinon il sera facile de louper sa mesure. Au bout de 15 secondes, l'app délivre une valeur en pourcentage (un taux normal se situe entre 95 et 99 %) qui se trouve automatiquement consignée dans l'app Santé.

Les réglages liés à l'autorisation de mesures en arrière-plan. Qu'ils aient été obtenus manuellement ou automatiquement, les résultats sont envoyés dans Santé

Il est aussi possible de laisser la montre prendre des mesures toute seule. Cela se définit dans la section « Oxygène sanguin » de l'app « Watch » sur l'iPhone. En plus d'accorder cette autorisation générale, on a le choix d'autoriser des mesures pendant son sommeil et dans les situations où vous avez activé le mode Spectacle (si vous craignez que les diodes rouges ne gênent votre voisin, désactivez ces deux options).

Apple n'est pas entrée dans les détails sur la fréquence de ces relevés automatiques. Cependant, après quelques jours voilà ce que l'on a pu remarquer grâce aux enregistrements compilés dans Santé, car rien ne signale à l'écran qu'une relève automatique a eu lieu.

La montre peut effectuer une poignée de mesures sur une journée (entre 4 et 5) ou nettement plus mais sans régularité particulière. Apple explique sommairement que cela dépend de votre activité. Au vu du fonctionnement de l'app, on en déduit que l'Apple Watch cible des moments où vous êtes au repos ou tout comme. La nuit, en revanche, une certaine routine s'installe. Santé a récupéré des mesures toutes les 30 minutes, et pas besoin d'activer la fonction Sommeil de l'Apple Watch pour l'aider à comprendre que vous dormez, je ne m'en sers jamais.

À gauche, les relèves faites automatiquement pendant la nuit, à droite la mention "Contexte : Arrière-plan" qui n'apparaîtra pas si vous avez été à l'origine de la mesure

Sur la montre de Christophe, le schéma a différé durant une nuit : d'abord les prises se sont faites toutes les demi-heures, puis il y a eu quelques intervalles de 1 voire 2 heures. Comment distinguer les mesures manuelles de celles faites automatiquement ? C'est laborieux car il faut entrer dans le détail de chacun des enregistrements situés dans « Santé », mais pour les secondes on a une ligne en plus qui marque leur spécificité : « Contexte : en arrière-plan ».

Enfin, un mot sur la fonction de suivi du sommeil. Elle existe et n'est pas spécifique à la Series 6 puisque c'est d'abord une fonction de watchOS 7. Mais c'est une nouveauté à minima et ce n'est pas encore cette année que l'on aura quelque chose de plus poussé dans ce domaine, il faut continuer à se reposer sur des apps tierces telles que Sleep++, Napbot ou AutoSleep (lire aussi watchOS 7 : un suivi du sommeil a minima).

Altimètre temps réel

La suite n'est pas une nouveauté à proprement parler mais une amélioration. Le calcul de l'altitude est assuré depuis les Series 3 grâce à un altimètre barométrique intégré (les générations précédentes recevaient cette information de l'iPhone). Avec les Series 6 (ainsi que sur la nouvelle famille SE plus abordable) cette information est calculée en permanence. Descendez des escaliers, grimpez un chemin, escaladez une paroi et la valeur est mise à jour en temps réel. C'est assurément bienvenu pour certaines activités sportives.

En haut d'une côte puis tout en bas

Lorsqu'on a besoin de ce chiffre, on peut l'obtenir dans l'app « Boussole » ou dans la petite complication d'un cadran ou encore dans la grosse complication du cadran « Extra Large ». Elle est utile lorsqu'on a besoin de s'y référer régulièrement et sans risque (en vélo ou en escalade par exemple).

Ici dans un funiculaire

A priori le résultat sera plus précis avec ces mesures permanentes. À situation égale, entre ma Series 4 et la Series 6 les valeurs d'altitude et de dénivelés n'étaient pas toujours identiques. Pour autant, il nous est arrivé sur deux Series 6 mises face à des Series 4 et 5 d'obtenir aussi des estimations d'altitude rigoureusement identiques. À défaut de proposer un affichage en temps réel, les deux dernières générations ne sont donc pas complètement dépassées sur ce point.

Series 6 et Series 4 après une course sur du plat
Series 6 et Series 4 après avoir monté une forte pente

Comparaison sportive entre S4/S5 et S6

Avec une toute nouvelle Series 6 au poignet, s'est aussi posée la question de savoir si l'on aurait des résultats différents lors d'activités sportives. Apple n'ayant rien dit à ce sujet on ne s'attendait pas à des surprises et on n'a pas été déçus. Avec une S6 sur un bras et une S4 sur l'autre, les distances obtenues par trois activités de course et de marche étaient passablement identiques, ainsi que dans le calcul final de la dépense calorique.

Series 6 et Series 4
Series 6 et Series 4

Dans le dernier jeu de captures — en courant sur un tapis cette fois — la distance calculée par la Series 6 était quasiment pareille que celle de l'équipement de la salle : 5,15 km pour la montre contre 5,11 km donnés par le tapis. Alors que la Series 4 était bien en deçà avec 4,78 km. À une autre occasion c'est la Series 4 qui s'est le plus approché du compteur de distance du tapis. Mais c'est une constante, je n'obtiens que rarement des correspondances entre mon Apple Watch et ce que m'indique le tapis, il y a toujours un bon 200 m d'écart.

Series 6 et Series 4

Puce U1 et Fitness+

Cette Series 6 est un peu particulière en cela que tout n'a pas été dit à son sujet. Il y a ce qu'elle sait faire aujourd'hui et ce qu'elle pourrait faire en plus prochainement. Contrairement aux autres années, le lancement des Apple Watch a été découplé de celui des nouveaux iPhone. Il nous manque par conséquent cette vision d'ensemble sur la manière dont les deux familles, dans leur version la plus récente, vont interagir.

Car les Series 6 sont pourvues de la puce U1 (les iPhone 11/Pro l'ont aussi mais pas les iPad sortis en 2020 ni l'Apple Watch SE). Apple sollicite encore très peu ce composant, toutefois il semble promis à un bel avenir (U1 : Apple pose les bases d’un « radar personnel » & Apple U1 : une puce qui a le sens de l'orientation) et sa présence dans l'Apple Watch haut de gamme n'est pas anodin. On espère par exemple l'annonce du mystérieux traqueur « AirTag » qui pourrait exploiter cette U1 pour la localisation d'objets. Mais on sait déjà que cette U1 servira à améliorer fonction CarKey pour ouvrir sa voiture. En résumé, Apple a certainement encore 2 ou 3 choses dans sa manche à propos de ces Series 6 et de leur exploitation de ce composant.

Ensuite il y a le service Fitness+ qu'Apple lancera avant la fin de l'année dans une poignée de pays, mais pas en France pour la première étape [MàJ : Apple Fitness+ : aperçu du nouveau service qui fait suer]. Dans ces cours de fitness (sur abonnement payant) à regarder avec son Apple TV ou sur ses iPad et iPhone, les informations d'activité de l'Apple Watch s'afficheront synchronisées sur ces écrans. Un jour ces contenus finiront par arriver chez nous, mais pas besoin de Series 6, il faudra au minimum une Series 3 et watchOS 7.

Apple Fitness+ avec l'intégration en haut à gauche et à droite des informations d'activité de l'Apple Watch

Conclusion

Faut-il acheter la nouvelle Apple Watch ? À cette ritournelle on est tenté de répondre la même chose que l'an dernier. À savoir que si on possède une Series 3 (qui par ailleurs est toujours au catalogue à partir de 219 €) ou un modèle plus ancien, les générations qui ont suivi apportent suffisamment d'améliorations matérielles et logicielles pour rendre un changement pertinent et donner l'occasion et l'envie d'utiliser beaucoup plus son Apple Watch.

Avec cette collection 2020 toutefois, on peut se poser la question de préférer la nouvelle SE (299 € en 40 mm, 329 € en 44 mm) plutôt que la Series 6 (429 € en 40 mm, 459 € en 44 mm). Avec la SE (qui existe aussi en version Nike) on aura une montre performante — même s'il lui manque l'écran toujours allumé, l'ECG et la SpO2 — pour un prix attractif. Elle a des atouts pour les nouveaux clients comme pour ceux en quête de renouvellement.

Avec la Series 6 il n'y a aucun compromis. Cette génération est bien équipée, elle continue de s'améliorer et le renfort des coloris rouge et bleu ajoute un peu de piment. Les propriétaires d'une Series 4 (et a fortiori d'une Series 5) peuvent néanmoins passer leur tour cette année — ou du moins, attendre qu'Apple abatte ses dernières cartes avec ses prochaines annonces d'automne. Tandis que les autres clients, nouveaux venus ou « utilisateurs pionniers » des toutes premières Apple Watch, ne devraient pas regretter leur achat.

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