Les premières lunettes connectées de Meta seraient pour 2024

Mickaël Bazoge |

Le métavers fantasmé par Mark Zuckerberg en octobre dernier se vit au travers d'un dispositif matériel. À l'heure actuelle, on peut en expérimenter un ersatz avec le casque de réalité virtuelle Quest 2 et l'application dédiée Horizon Worlds.

Le métavers selon Meta : le monde réel et le monde virtuel s'entrelacent grâce à la réalité augmentée et d'autres technologies.

Mais à terme, il s'agit de donner corps à la vision du fondateur de Facebook, qui repose sur la réalité augmentée : des éléments virtuels imbriqués de manière transparente dans le monde réel, de la manière la plus discrète et efficace possible : avec des lunettes, donc. Meta est sur le coup et selon des informations de The Verge, plusieurs projets sont en développement.

La première génération des lunettes — nom de code Nazare — devrait ainsi être dévoilée dès 2024 (la rumeur annonce quelque chose d'équivalent chez Apple l'année suivante). La seconde génération, plus légère avec un « design avancé », est attendue pour 2026. Et une troisième génération serait dans les tuyaux pour 2028.

Une feuille de route bien chargée donc, et complexe à exécuter. La première version des lunettes Nazare doit en effet concrétiser une bonne partie de l'ambition de Zuckerberg, très impliqué dans ce projet. L'appareil, dont le design actuel ressemblerait aux grosses lunettes noires de Clark Kent (⚠️ attention spoiler : en fait c'est lui Superman ⚠️) et pèserait une centaine de grammes, doit permettre de communiquer avec les « hologrammes » d'autres utilisateurs.

Veut-on réellement discuter avec un clone virtuel de Mark Zuckerberg ?

L'équipe de développement voulait que cette première génération ait un champ de vision de 70 degrés, plus étendu que ce que l'on trouve actuellement sur le marché (l'Hololens 2 offre un champ de vision de 54 degrés). Il est cependant probable qu'il faudra réduire la voilure sur ce plan. Les lunettes auront néanmoins pour mission de proposer une « expérience AR totale » tout en ayant une apparence « socialement acceptable » — malgré tout, le produit serait surtout prévu pour fonctionner en intérieur.

Techniquement parlant, Nazare est censé fonctionner indépendamment d'un smartphone compagnon. Il devra toutefois être connecté (sans fil) à un périphérique chargé du gros des calculs. Des projeteurs microLED gèreraient l'affichage des informations, il y a aussi un capteur de suivi du regard, une caméra à l'avant, des hauts parleurs dans les montures. Sous le capot se cache une puce mise au point en interne. L'autonomie serait de 4 heures.

Le développement du système d'exploitation du produit, basé sur la version open-source de Fuchsia OS (Google), aurait été abandonné en fin d'année dernière, en partie parce que le logiciel ne pouvait pas être prêt pour 2024. Meta aurait en fait bifurqué sur un OS qui s'appuie sur Android, au moins pour la première version des lunettes (c'est aussi de cette manière dont fonctionne le Quest 2).

Meta aurait suspendu le développement de son système d'exploitation pour la réalité augmentée

Le prix public de Nazare n'est pas révélé, toutefois au vu du matos intégré, il faut s'attendre à une étiquette plus élevée que les 299 $ du casque Quest. Mais peut-être que Meta voudra subventionner d'une manière ou d'une autre le prix de l'engin, histoire de couper l'herbe sous le pied d'Apple ?

Et attendez, ce n'est pas tout ! Meta travaillerait également sur un second projet, plus proche des Google Glass donc moins ambitieux que Nazare et possiblement aussi moins cher. Les lunettes Hypernova, qui devront s'appairer à un smartphone, afficheraient les notifications et les itinéraires sur ses verres.

L'entreprise a aussi réfléchi très fortement aux possibilités d'interaction avec les éléments virtuels des lunettes Nazare et Hypernova. Elles pourraient passer par un bracelet chargé de « deviner » les intentions du porteur. En exploitant des techniques d'électromyographie (l'étude des nerfs et des muscles), le bracelet mesure les impulsions électriques au poignet, permettant ainsi de créer une sorte de bras virtuel.

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En interne, on n'hésiterait pas à comparer cette technologie à la révolution de la souris en son temps… Provennant de l'acquisition de la start-up CTRL-Labs en 2019, elle serait intégrée dans la troisième génération de la montre connectée est elle aussi en développement chez Meta. La première version devrait sortir dans le courant de l'année.

Le design de la montre Facebook « Milan » vu en octobre dernier. Image : @Steve Moser

Pour Mark Zuckerberg, tous ces produits sont un moyen d'arracher son indépendance des plateformes d'Apple et de Google, avec lesquelles il ne peut que composer à l'heure actuelle. D'après un ancien employé de Meta, Zuckerberg veut que Nazare soit comparable à l'iPhone en termes d'avancée technologique.

Reste à démontrer l'efficacité technologique et la pertinence commerciale de ces produits. Le groupe espère pouvoir écouler des dizaines de millions de lunettes connectées d'ici la fin de la décennie. Pour le moment, les premières tentatives sont modestes : les lunettes Stories, mises au point avec Ray-Ban, se seraient vendues à 120.000 unités entre septembre et décembre dernier. L'objectif de Meta était d'atteindre 300.000 paires.

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