Plongée avec l’Apple Watch Ultra (2/3) : en immersion totale

Olivier Busuttil |

L'Apple Watch Ultra peut-elle véritablement remplacer un appareil aussi spécial qu'un ordinateur de plongée ? Après une préparation prometteuse, le moment est venu de se jeter à l'eau et de répondre à cette question.

Dès la mise à l'eau, la lisibilité de l'écran retient l'attention. Les conditions lumineuses dans lesquelles je teste la montre sont assez extrêmes. Que ce soit sous le soleil de la Martinique ou celui des îles Lavezzi, la luminosité du ciel a vite fait de rendre n'importe quel écran difficile à déchiffrer. Rien de cela avec l'Apple Watch qui, avec sa luminosité de 2 000 nits, offre un confort visuel que je n'ai jamais observé ailleurs. C'est très rassurant. Idem sous les premiers centimètres d'eau, là où se mêlent rayons du soleil et reflets aquatiques. La différence avec mon Suunto Vyper est flagrante. Il faut dire que celui-ci présente un écran LCD classique : typo noire sur fond vert. C'est le jour et la nuit !

C'est l'un des points forts de l'Apple Watch Ultra. La lisibilité de son écran est exemplaire quelles que soient les conditions lumineuses. Image Olivier Busuttil.

Plongée avec l'Apple Watch Ultra 🤿
  1. Une préparation claire comme de l'eau de roche
  2. En immersion totale
  3. Une bouffée d'oxygène

En immersion

Nous voilà au cœur du test ! Je dois bien le dire dès les premières lignes de cette partie : en dehors de quelques détails, cette montre est un vrai plaisir à utiliser sous l'eau. Dans la partie haute de l'écran, la profondeur actuelle et le temps sans décompression restent bien visibles en toute circonstance (sauf en cas d'alarme). Ces deux paramètres clés dans la sécurité du plongeur sont ici prioritaires, comme sur tout autre appareil. La moitié basse de l'écran propose quatre séries d'informations que l'on fait défiler grâce la couronne de la montre.

  • Affichage 1 (interface par défaut) : temps de plongée + température de l'eau + temps de remontée.
  • Affichage 2 : profondeur max + vitesse de remontée + pourcentage de la batterie.
  • Affichage 3 : compas dont on règle le cap par un appui sur le bouton Action.
  • Affiche 4 : informations concernant le type de gaz et le niveau de sévérité de l'algorithme.

Sur ce point, Apple a raison : les personnes qui connaissent le fonctionnement d'une Apple Watch savent d'emblée utiliser l'ordinateur de plongée imaginé par Oceanic+.

L'interface par défaut de la partie basse affiche la durée de plongée, le temps de remontée et la température de l'eau. Image Olivier Busuttil.

La clarté des affichages successifs de la partie basse ne pose aucun problème. En revanche, le passage d'un affichage à l'autre est une véritable horreur. La couronne s'avère trop sensible et il est quasiment impossible de passer d'un écran à l'autre sans s'y reprendre à plusieurs fois. Le moindre mouvement de couronne fait défiler l'interface de telle sorte que l'écran 4 apparait après un quart de tour laissant filer les écrans précédents. J'ai eu cette expérience à mains nues, je n'ose imaginer la prise en main avec des gants !

Autre grief concernant les informations inférieures : si les données de la partie haute (profondeur actuelle + temps sans déco) s'affichent en permanence, on regrette la disparition du temps total de plongée qui est réservé à l'écran inférieur par défaut (affichage 1). À mon sens, cette info ne devrait jamais disparaitre.

Avec le passage à un affichage secondaire sur la partie basse, on perd le temps total de plongée, dommage. Tant que la récupération du temps de plongée (retour à l'écran 1) ne se fera pas sans défilement incontrôlable de la couronne, il y aura toujours un petit stress assez désagréable. Image Olivier Busuttil.

Pour terminer sur l'interface générale, l'animation de la partie gauche étant assez gadget, tout le « couloir » situé le long du bord gauche de la montre pourrait se rendre utile de deux façons au moins. Il pourrait disparaitre pour libérer de la place aux données ou bien afficher un long pictogramme vertical animé évoquant le niveau de saturation en azote ou en oxygène, encourageant le plongeur à rester dans la « zone verte ».

Les alarmes

Je disais précédemment que les infos vitales de la montre (temps sans déco + profondeur actuelle) ne disparaissent jamais. C'est sans compter l'affichage d'alarmes qui prennent leurs aises sur l'ensemble de l'écran. C'est un mal pour un bien ! Pour récupérer l'affichage des données, il faut en passer par l'appui sur le bouton Action. Impossible donc de rater une alarme.

Les alertes prennent différents aspects mais ont toutes en commun un triple système d'avertissement : une couleur flashy (jaune, orange, rouge), un clignotement qui attire le regard et une vibration difficile à ignorer. Pas de son et c'est tant mieux. Sous l'eau, la vitesse du son étant cinq fois plus rapide que dans l'air, il est difficile d'en identifier l'origine. Résultat : lors d'une remontée avec un ordinateur traditionnel, des bips retentissent pour diverses raisons (remontée trop rapide, palier non respecté…) sans savoir si c'est son assistant ou celui d'un autre qui sonne.

Les alarmes prennent leurs aises sur l'écran. Elles clignotent, vibrent et arborent une couleur évoquant l'urgence. Sauf alerte rouge, pour faire disparaitre une alarme en cours, rien de plus simple : un coup sur le bouton d'action lui cloue le bec. Image Olivier Busuttil.

La sécurité


avatar itworx | 

Très clair pour un plongeur, merci pour vos articles et j’attend la suite. J’ai une AWU, mais je double avec mon vieil ordinateur qui m’apporte aussi la gestion de l’air, ce qui n’est pour le moment pas possible avec cette application. Pour le reste, c’est infiniment plus confortable !

avatar Titophe | 

Il manque un élément crucial à l’article pour jauger cette montre : comment se comporte-t-elle sur une plongée avec palier de décompression ?
Autre point intéressant pour le plongeur apnéiste: est elle capable de gérer ce type de plongée ou de fonctionner en mode profondimètre plus timer avec un décompte du temps de récupération en surface ?

avatar Hazuka | 

@Titophe

Excellente remarque. J'aimerais beaucoup en savoir plus car je n’ai eu l’occasion que deux fois d'avoir des paliers. 3m 6min et la fois suivante pareil.

avatar Desseaux | 

@Titophe

Pour les paliers, le comportement est assez étonnant.
A plusieurs reprises, j’ai atteins les paliers avant les autres (c’est particulièrement chiant quand on nous imposait de rester dans la courbe de sécurité car le caisson était pas dispo à Mayotte) mais une fois qu’on en avait tous, j’en avais toujours moins que les autres.

Sur les plongées successives j’étais aussi très peu embêté

avatar Titophe | 

La restriction de la profondeur maxi à 40m est quand même un gros handicap pour les plongeurs N3 et +, surtout que, comme évoqué dans l’article, il y a de nombreuses et belles plongées en France dans la zone des 45-50m.
Pour ma part je fais une demi-douzaine de plongées dans cette zone de profondeur par an… l’AWUltra n’est donc pas pour moi.
J’espère que la prochaine version étendra la zone de profondeur jusqu’à 60-65m et ajoutera le multigaz pour gérer la décompression avec un pony NITROX très enrichi à l’O2 (>60%).

avatar RonDex | 

@Titophe

Oui les plongée au Nitrox est vraiment super.
Encore plus pour les personnes handicapées. Avec en plus les recycleurs. ´

http://handicap.plongee.free.fr/

avatar Titophe | 

Pour conclure, l’application OCEANIC+ semble plutôt adapté aux plongeurs PADI qui reste dans la courbe de sécurité…

avatar Bruno de Malaisie | 

@Titophe

C’est le public cible de cette Watch Ultra pour les plongeurs…
En plus, je pense qu’Apple fait très attention à la sécurité pour éviter tout accident de plongée avec une Watch Ultra, ce qui serait dramatique pour , d’où les normes de sécurité plis strictes que l’ordinateur de plongée classique porté lors de l’essai.

avatar girfab | 

@Titophe

Je crois que tu as totalement raison. Après, c’est la grande majorité des plongeurs maintenant si on enlève le prisme franco-français.

avatar Olivier Busuttil | 

@Titophe

Hello :-) À mon sens, même si Apple s’aligne avec la limite des 40m que PADI considère comme la prof max en plongée loisir, cette AWU peut être un excellent ordi de plongée même pour un plongeur de notre bonne vieille Fédé :-) Sur les quelques centaines de plongées que j’ai effectuées dans ma vie, je pense que l’AWU aurait pu m’accompagner dans 90% des cas. Pour une destination comme la Mer Rouge par exemple (accès facile, rapide et assez bon marché depuis la France Métropolitaine) l’Apple Watch Ultra est parfaite car tout se passe entre 0 et 15m 🙂
Ceci dit, j’espère que l’AWU 2 saura tous nous mettre d’accord 😁

avatar ManouchKa | 

Merci pour cet article.
Est-ce qu’un jour Apple va se sentir concerné par les interactions des utilisateurs avec leurs montres ? Avez vous essayé de naviguer sur l’écran d’une Watch sous l’eau, ou même légèrement humidifié ?
Ça ne marche pas, alors que crown et bouton latéral devraient être des alternatives en terme d’interface… pourtant je reste convaincu qu’ils testent leurs produits dans des situations réelles !
Avant d’entamer une plongée, j’aimerais bien que ce use-case de base soit un jour traité, pas vous ?

avatar Malouin | 

@ManouchKa

Il s’agit d’un problème matériel…
Si mes renseignements sont bons, Apple travaille avec ses sous-traitants sur le sujet : un verre qui autorise des interactions avec l’utilisateur sous l’eau.

avatar Hazuka | 

Au tout début, j’avais peur de la compatibilité avec le fonctionnement des paliers de décompression, mais tout fonctionne nickel. Par contre je suis entièrement d’accord avec Olivier. Manipuler l’interfaces avec la couronne digitale est un véritable enfer. Que Dige, on se retrouve parfois dans une merde atomique totale parce qu’on est obligé de s’y reprendre à trois ou quatre fois pour par exemple revérifier le cap. Du coup on est obligé de s’y prendre pendant cinq à 10 secondes. Il suffit de tourner la tête dans une autre Emma pour complètement perdre de vue Son binôme, et ça m’est arrivé de nombreuses fois en Plongée.

Il serait intéressant il y ait une mise à jour pour jouer sur une optique plus élevé qui se ressentent mieux dans le poignet quand on passe d’un affichage à l’autre, avec une petite vibration quand ça détecte un mouvement et une grosse vibration quand on doit s’arrêter et que l’affichage suivant va s’afficher . Malheureusement, une couronne avec un espèce de freinage électronique n’existe pas encore, mais j’espère que Apple va mettre ça en place très bientôt pour qu’on puisse avoir un réel ressenti comme quand on remonte une montre automatique ou on ressent les engrenages lorsque l’on tourne la couronne. Dans ce cas là, ce serait vraiment idéal pour éviter de se tromper et de se retrouver à passer de l’affichage un à trois alors que je cherche pour le deux. Etc etc

avatar Olivier Busuttil | 

@Hazuka

Hello :-)
Je suis d’accord avec toi sur la nécessité d’une mise à jour de cette manip. La solution est à mon avis purement logicielle car la montre dispose de tout ce qu’il faut pour que l’expérience soit améliorée : une couronne dont le mouvement est géré numériquement et un système haptique efficace. À Oceanic d’imaginer une expérience fluide et rassurante.

avatar PomBreizh | 

Merci pour le retour d’expérience!

J’ai quelques questions, toutefois:
- Quelle est la vitesse de remontée adoptée par Oceanic+?
- Est-ce que la différence est bien visible entre pallier de sécurité et pallier(s) obligatoire(s)?
- Comment se comporte la montre si le pallier de sécurité est interrompu?
Passage en mode profondimètre?
- Enfin, avec la limite O2 à 40%, je suppose que le changement de gaz n’est pas possible…

Encore merci!

avatar Olivier Busuttil | 

@PomBreizh
Hello :-)
- Vit de remontée 9m/min

- Je n’ai pas fait de plongée exigeant des paliers obligatoires mais les paliers de sécurité étant signalés par une alarme orangée, j’imagine que les paliers obligatoires seront rouges. L’avertissement des paliers est extrêmement clair sur l’écran. Difficile de le rater ! Si tu ne respectes pas une certaine stabilité au palier, la montre t’avertit.
- Je n’ai pas testé le non respect des paliers 🙂 mais les algorithmes étant ceux de Bühlmann ZHL-16C ce sont eux qui dicteront la marche à suivre. Donc en cas de non respect, la montre interdira de plonger dans les délais imposés par Bühlmann. Les calculs n’étant pas interrompus après le retour en surface, il faudra suivre la procédure adéquate : redescendre (le calcul tient compte d’une remontée trop rapide) ou bien filer vers le caisson le plus proche 🙂

avatar WhipperSnapper | 

J'ai du mal a imaginer que la molette et le bouton soit utilisable avec des gants - même des 2mm en néoprène - donc pas utilisable hors eau chaude

avatar Hazuka | 

@WhipperSnapper

Suivant mon précédent commentaire, franchement c’est parfaitement utilisable. J’utilise des gants 3 mm. La molette est très accessible et en plus facilement. Le problème c’est la qualité du ressenti de la molette qui t’empêche d’accéder facilement à l’interfaces que tu cherches.

avatar huexley | 

Vraiment très complet bravo, j'avoue que plongeant régulièrement sous les 40m je trouve assez terrifiant que la montre cesse son travail et vous renvoie aux tables…

@PomBreizh > il est calé sur 9m/min

Pour les différences de calcul de palier cela tiens du modèle, Suunto ils ont en RGBM et Oceanic+ sur du Buhlmann.

avatar Desseaux | 

J’ai deux questions : la rallonge pour l’Apple Watch, ça augmente vraiment la circonférence ? Parce qu’avec une 3 ou 5mm, je n’arrive pas à passer au dessus de la combinaison.

Et au dessus de la combinaison, on sent encore les alarmes ? Je pense à la combinaison de 7mm.

Je suis un peu frileux 😁

avatar girfab | 

@Desseaux

Il faut prendre la rallonge pour passer sur la combinaison.
J’ai une 6mm et on ressent très très bien les alarmes. Aucun soucis de ce côté.

avatar Desseaux | 

@girfab

Mais la rallonge me semble si petite… mais si ça passe.

avatar Olivier Busuttil | 

@Desseaux

Hello :-)
La rallonge est vraiment… très longue ! Je pense que ça passe avec une étanche 🙂
Le ressenti des vibrations est forcément différent sur une combi épaisse mais vue la puissance du retour haptique, je suis optimiste. À tester lors d’une prochaine immersion 🙂

avatar Desseaux | 

@olivierbusuttil

C’est pas une rallonge de 5cm?
Merci pour ton retour ;)

avatar Olivier Busuttil | 

@Desseaux

Yes ! Ça paraît peu sur le papier mais cette extension s’ajoute à la marge dont tu disposes (j’imagine) sur le bracelet d’origine. Par exemple, n’ayant pas de gros poignets, je n’utilise (sans combi) qu’un tout petit peu plus de la moitié du bracelet livré par défaut (il me reste 5 trous). Avec la rallonge, je dispose des ces 5 trous + les 5cm supplémentaires 🙂.
Je n’ai pas essayé mais je pense que c’est compatible avec une combi épaisse.
Oceanic propose par ailleurs des bracelets (j’en parle dans l’article) qui sont vendus pour combi épaisse et étanche. Pour 40$ ht tu as même 2 bracelets complets. 1 pour la ville et 1 pour la plongée 🎉

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