Apple : les développeurs sont emballés par les ateliers Vision Pro

Florian Innocente |

L'accueil réservé au Vision Pro par les développeurs conviés à l'essayer à Cupertino est enthousiaste assure Apple, alors que ces ateliers ont été décrits comme peu fréquentés.

Dans une interview donnée à Digitaltrends, deux responsables d'Apple réfutent l'idée selon laquelle le casque Vision Pro aurait du mal à intéresser les développeurs, tout comme les ateliers de prise en main. Susan Prescott, VP des relations développeurs et Steve Sinclair, ancien de Mojo Vision, désormais au marketing produit d'Apple, contestent un supposé manque d'enthousiasme chez les développeurs.

Apple a observé un « Taux de satisfaction extrêmement élevé, à trois chiffres, pour les ateliers organisés jusqu'à présent ». Après avoir mis à disposition pour tous les développeurs un kit de développement logiciel, Apple a ouvert des ateliers de prise en main, sur réservation, à Cupertino puis à Londres, Munich, Shanghai, Singapour et Tokyo. Les développeurs, entourés de personnes d'Apple, peuvent utiliser le casque pendant une journée pour tester concrètement leurs applications sur la nouvelle plateforme.

Apple veut convaincre les développeurs de venir tester le Vision Pro

Apple veut convaincre les développeurs de venir tester le Vision Pro

Quelques jours après l'ouverture du "labs" de Cupertino, Bloomberg affirmait que la participation était plus faible qu'escomptée. En cause peut-être l'adresse unique — la région est toutefois riche en développeurs — ou peut-être tout simplement un intérêt mesuré pour le Vision Pro ?

Les développeurs ne se précipiteraient pas sur les labs d’Apple dédiés au Vision Pro

Les développeurs ne se précipiteraient pas sur les labs d’Apple dédiés au Vision Pro

Les deux cadres d'Apple parlent d'un volume de téléchargements du kit supérieur aux espérances (mais n'importe quel développeur pouvait le faire, ndlr), sans donner de chiffres pour l'étayer, ni sur le nombre de développeurs qui ont été accueillis jusque-là à Cupertino.

Michael Simmons, CEO de Flexibits (Fantastical) — au centre — lors d'un atelier Vision Pro à Cupertino

Une poignée d'éditeurs, qui a testé le casque lors de ces ateliers, s'en est montrée plus que satisfaite, d'après les propos recueillis par Digitaltrends.

Ils suggèrent cependant quelques pistes pour que le plus grand nombre profite de la même expérience : « Apple devrait faire tout ce qui en son pouvoir pour fournir le matériel aux développeurs, au moins dans le cadre des labs. Cela fait vraiment partie de ces choses que vous devez essayer pour les apprécier — je ne pense pas que vous puissiez être emballé à l'idée de concevoir quelque chose sans avoir vécu cette expérience in situ ».

Deux autres développeurs, qui travaillent dans le milieu médical, où le prix du Vision Pro n'est pas forcément un frein, encouragent Apple à proposer une forme de subvention pour les développeurs lors de l'achat d'un Vision Pro (il vaudra 3 499 $). De manière à élargir le cercle des éditeurs pouvant imaginer de nouvelles expériences.

« L'une des choses que nous avons observée, c'est que lorsque les gens mettent le Vision Pro, ils sont à ce point époustouflés par les nouvelles expériences spatiales, que bien souvent ils oublient qu'ils sont en train de porter quelque chose », appuie Steve Sinclair.

Pour l'heure ce privilège est malheureusement réservé à une poignée.


avatar Paquito06 | 

@pboudoin

“On accuse le prix, le matériel, les algos mais rarement les usages ou les utilisateurs. Malheureusement, je le pense en tout cas, que le problème est que l'être humain est très routinier et qu'il est très difficile de le convaincre de travailler autrement si la courbe d'apprentissage n'est pas immédiate.”

Parce qu’on n’est plus dans une economie de marché où le consommateur cree la demande, mais le contraire (loi de Say) où toute offre cree sa propre demande, et ca entraine 2 mecanismes complexes: 1/ comme tu dis, le consommateur a besoin de temps pour adapter sa consommation a un nouveau produit, 2/ le phenomene de cliquet où le consommateur doit faire un effort financier pour maintenir un certain niveau de consommation. Alors quand tu balances un casque AR/VR sur le marché, nouveau et onereux, on retrouve le point 1/ (obligatoirement, ce que tu qualifies de passage difficile a cause du coté routinier), pas necessairement le point 2/, sauf qu’en 2023 en sortie de covid avec une hyper inflation, les degats causés par la crise sanitaire, on retrouve aussi le point 2/. Temps difficiles.

avatar fte | 

@Paquito06

"Parce qu’on n’est plus dans une economie de marché où le consommateur cree la demande, mais le contraire (loi de Say) où toute offre cree sa propre demande"

Dans les domaines d’innovation, l’a-t-on jamais été (la demande créant l’offre) ? À toutes époques, les plus grands inventeurs répondaient-ils à des demandes ?

L’innovation est un business de l’inattendu.

Un produit nouveau à un potentiel de susciter une demande : la nouveauté, le fomo, la mode… mais ça ne peut pas durer sans valeur apportée. Il me suffit pas d’enfoncer un produit dans la gorge ou autre orifice des gens pour qu’ils avalent. Sans valeur perçue suffisante, ça va ressortir. Ainsi par exemple la TV en 3D, qui a été enfoncée dans nos salons avec force maximale, et qui a été recrachée.

On en revient à la question des usages. Ou plus largement, de la valeur apportée au client.

Bref. Ça a un intérêt ou c’est juste un gadget à la mode qu’on essaie de nous refourguer ? Et si par malheur ça rentre dans la catégorie "vache, c’est super chiant"… c’est mort.

avatar Paquito06 | 

@fte

“"Parce qu’on n’est plus dans une economie de marché où le consommateur cree la demande, mais le contraire (loi de Say) où toute offre cree sa propre demande"

Dans les domaines d’innovation, l’a-t-on jamais été (la demande créant l’offre) ? À toutes époques, les plus grands inventeurs répondaient-ils à des demandes ?
L’innovation est un business de l’inattendu.”

Pas toujours, selon les economistes liberaux. On cree l’offre quand il est necessaire de repondre a un besoin (une demande). Exemple: un vaccin (c’est bien l’offre qui repond a la demande). L’opposé ou presque, c’est le principe de serendipite, ce que tu insinues avec ta derniere phrase, peut etre. Exemple: four a micro ondes.

avatar Paquito06 | 

@pboudoin

“Pour faire simple les casques c'est comme Disneyland. C'est wahou quand tu y es, le temps de l'expérience mais tu n'y passeras pas ta vie, ni même y aller très régulièrement car s'est cognitivement lourd et physiquement éprouvant. Ca n'empêchera pas de kiffer l'expérience à chaque fois.”

Il y a un risque qu’a terme on soit obligé/forcé/contraint d’utiliser un casque. Dans les annees 90, on decouvrait internet: mais a quoi ca sert, j’en fous rien, un ordinateur ca remplace pas l’humain, le social, etc. Aujourd’hui, c’est indispensable (meme dans la Constitution de certains pays), certains services ne se realisent uniquement que par internet, chose impensable il y a 30 ans. On peut donc imaginer qu’un jour, on ne puisse par exemple payer ses impots qu’avec un casque AR/VR avec validation de la retine. Je ne dis pas que ca sera le cas, mais ce scenario n’est pas impossible, d’où l’adoption “forcee” du produit.

avatar fte | 

@Paquito06

"Dans les annees 90, on decouvrait internet"

Sauf qu’internet n’est pas un produit d’innovation qui a été enfoncé dans nos gorges.

Internet est une solution à un problème. Arpanet d’abord, pour interconnecter les infrastructures militaires américaines. Évolué en internet pour d’abord connecter les scientifiques. C’est une solution qui fait très bien son job.

Internet a ainsi d’abord démarré avec les scientifiques, les universités, les étudiants… les usages étaient de l’ordre du partage d’informations, de communication textuelle asynchrone.

Puis il y a eu pléthore de services qui s’y sont installés.

Internet n’est pas plus forcé que la poste. L’un et l’autre ont une valeur d’usages tellement importante qu’ils se sont imposés comme essentiels dans nos quotidiens. L’un comme l’autre font des choses que rien ne faisait auparavant ou beaucoup, beaucoup moins efficacement. Il y a une différence entre forcé et essentiel.

Si un casque apporte un avantage majeur par rapport à pas de casque, comme envoyer un paquet de Auckland à New York par la poste (on peut l’apporter à la nage ou payer un coursier, mais c’est moins pratique), il deviendra peut-être essentiel.

Après, c’est vrai qu’on peut toujours argumenter que nos jeunes sont forcés d’adopter ce qui existe. Ils sont obligés d’utiliser des ordinateurs par exemple, envie ou pas. Mais ils ont la place qu’ils ont parce qu’ils font ce qui n’était pas possible avant, ou ce qui était considérablement moins pratique avant. Ils sont essentiels.

avatar Paquito06 | 

@fte

“"Dans les annees 90, on decouvrait internet"
Sauf qu’internet n’est pas un produit d’innovation qui a été enfoncé dans nos gorges.”

Mais qui l’est aujourd’hui pour ceux qui n’ont pas encore franchi le pas, somehow.

“Internet est une solution à un problème. Arpanet d’abord, pour interconnecter les infrastructures militaires américaines. Évolué en internet pour d’abord connecter les scientifiques. C’est une solution qui fait très bien son job.
Internet a ainsi d’abord démarré avec les scientifiques, les universités, les étudiants… les usages étaient de l’ordre du partage d’informations, de communication textuelle asynchrone.
Puis il y a eu pléthore de services qui s’y sont installés.”

C’est ce qu’essayent de faire certaines boites, utiliser un casque AR/VR pour repondre a des besoins pro qui galerent en 2D sur un ordinateur traditionnel malgre internet. Ce que veut bypasser Apple en le balançant au grand public avec une adoption massive basee sur son parc actuel.

avatar Paquito06 | 

Ca depend avec qui on discute. J’ai echangé avec des dev a San Francisco et New York, ils etaient tous emoustillés, a Denver et Hawaii, les avis etaient partagés, au Vietnam et en Chine, ils n’attendent que la sortie pour le copier 😂

avatar fte | 

@Paquito06

"Ca depend avec qui on discute."

Bah ouai. Les vrais gens ne sortent pas du même moule marketing. :)

A part ça, c’est une remarque tellement importante ! Le machin à trois chiffres d’Apple est juste complètement stupide. Heureusement que les idées ne sont pas toutes identiques ! Nécessairement qu’elles ne sont pas toutes identiques.

Je n’ai qu’un collègue ayant testé en lab avec qui j’ai pu discuter. Il a des avis. Pas un seul avis dithyrambique ou apocalyptique, des avis, avec plein de teintes variées. Il est de NY, il est titillé pas la démonstration technologique. 😉. Moins emballé par les débouchés commerciaux. Trop à l’est peut-être ?

Bref. Il est trop tôt pour prédire le futur de cet engin.

avatar Paquito06 | 

@fte

Ouaip, on verra bien 😊

avatar pocketalex | 

@fte

"Bref. Il est trop tôt pour prédire le futur de cet engin."

ben si on parle du Vision Pro, son futur est tout tracé : il ne se vendra pas. Ou confidentiellement.

C'est grave ? non, c'est prévu

Si on parle de l'informatique spatiale, de futurs produits sous VisionOS, alors l'histoire risque d'être différente. Ou pas, on sait pas, on verra.

avatar fte | 

@pocketalex

"Si on parle de l'informatique spatiale, de futurs produits sous VisionOS, alors l'histoire risque d'être différente. Ou pas, on sait pas, on verra."

Je pense qu’on pense à la même stratégie d’évolution du produit. Démonstration technologique au départ, mais l’évolution souhaitée par Apple va vraisemblablement vers un produit grand public fortuné, probablement beaucoup plus portable qu’il ne l’est maintenant (portable dans le sens wearable). Peut-être ou peut-être pas des lunettes AR, mais ce genre d’idée en tout cas.

C’est aussi cette direction que tu entrevois ?

avatar jazz678 | 

@fte

« Bref. Il est trop tôt pour prédire le futur de cet engin. »

On peut difficilement faire autrement. Vaut mieux prédire le futur tôt que tard

avatar fte | 

@jazz678

"On peut difficilement faire autrement. Vaut mieux prédire le futur tôt que tard"

Par expérience, le taux de réussite d’une prédiction du futur augmente drastiquement lorsqu’on prédit tard plutôt que tôt, voire après les faits, sans jamais atteindre 100% cependant.

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