Souvenez-vous : le 28 octobre 2021, Mark Zuckerberg annonce qu'il renomme son entreprise Meta pour se concentrer sur la construction du métavers. Le retentissement médiatique est immédiat ; ce nouveau concept aussi audacieux que bancal intrigue aussitôt le grand public et les entreprises. À l'époque, le cours du Bitcoin est quasiment à son zénith et le marché des NFT en pleine expansion.
Plus d'un an et demi après, Meta semble avoir d'autres chats à fouetter que le métavers. L'entreprise vient de lancer son nouveau réseau social Threads et son fondateur fait plus parler de lui pour son éventuel combat de coqs avec Elon Musk que pour les nouveautés de son super-monde virtuel. Meta aurait-elle discrètement enterré son métavers ? Faisons le point.
Un coup de com' réussi
S'il y a une chose que l'on ne peut pas enlever à Mark Zuckerberg, c'est d'avoir réussi son coup de communication. Le concept de métavers, inconnu au bataillon avant sa présentation à l'automne 2021, est désormais largement répandu, au point que le mot est entré dans l'édition 2024 du Robert. Tous les médias ont largement couvert l'annonce, ce qui n'est pas surprenant quand l'une des plus grosses entreprises du globe révèle un changement total d'identité.
L'effet d'annonce de la vidéo du 28 octobre 2021 a été immédiat : de grandes marques se précipitent sur l'occasion par crainte de louper le train. Des noms prestigieux comme Louis Vuitton, Ralph Lauren, Burberry ou encore Prada font part de leur intérêt pour le métavers. De grandes enseignes comme Walmart se jetent dans le bain, tandis que Carrefour investit environ 300 000 € dans un terrain virtuel avant de lancer des sessions de recrutement « dans le métavers » — comprendre, en VR.
Cet emballement est alimenté par des cabinets de conseil : début 2022, Gartner soutient que 25 % des gens vont passer au moins une heure par jour dans le métavers d'ici à 2026. Peu après, McKinsey estime que le métavers va générer 5 000 milliards de dollars d'ici 2030. Citibank va plus loin en évoquant carrément un marché à 13 000 milliards.
L'action des entreprises de casques de réalité virtuelle bondit, HTC enregistrant le plus haut cours de son action quelques jours après la présentation de Meta. Plusieurs grandes boîtes annoncent alors l'ouverture de divisions dédiées au métavers (Niantic, Tencent, Nvidia, Epic…), et l'Union européenne se lance également dans l'aventure. Elle a d'ailleurs récemment lancé un appel à contributions pour ce qui est vu comme un potentiel tournant technologique majeur.