Pour la responsable Santé d'Apple, « il est primordial d'améliorer la connexion entre le patient et le soignant »

Stéphane Moussie |

Au salon VivaTech qui s'est tenu mi-juin, la responsable de l'activité Santé d'Apple a participé à une table ronde sur le futur des soins médicaux en compagnie du patron de Doctolib. Sumbul Desai n'a pas manqué de rabâcher combien Apple prend au sérieux la protection des données personnelles, mais elle a aussi évoqué un autre point moins souvent mis en avant :

En tant que médecin, ce qui compte quand on prodigue des soins, c'est la relation avec le patient. Comme le fait Doctolib, il faut vraiment améliorer cette relation.

Une chose sur laquelle nous travaillons beaucoup est de trouver comment renseigner le médecin sur la vie de son patient en dehors de son cabinet. Pour moi, c'est extrêmement important de savoir comment mes patients vivent au quotidien. Cela me permet de prendre de meilleures décisions.

Donc, en plus de donner des outils aux patients pour suivre leur santé et de renforcer les capacités des soignants de manière séparée, l'un des objectifs primordiaux est d'améliorer la connexion entre le patient et le soignant.


avatar ancampolo | 

Oui c’est ce que pense les assurances et les maisons de credits aussi

avatar Malouin | 

Les médecins ne rempliront rien s’ils ne sont pas payés pour ça !

avatar Michaeel | 

@Malouin

Si j’étais médecin, ça m’intéresserait de savoir comment se portent mes patients entre 2 visites. L’envie de pouvoir encore mieux faire son travail ne suffirait pas, selon toi ?

Évidemment, tous les médecins ne seraient pas concernés, mais par exemple un kiné pourrait voir qu’un patient arrive à reprendre la course ou d’autres types de sport et voir les difficultés rencontrées via les infos de la montre, un généraliste ou un spécialiste pneumologue pourrait constater l’amélioration des capacités respiratoires d’un patient après un covid.

Non ? A priori, ça pourrait même faire économiser du temps dans les consultations et de l’efficacité dans les diagnostics. Ce serait pour moi une assistance à la compréhension d’un état et à la prise de décision.

avatar Malouin | 

@Michaeel

Le problème est de remplir le dossier. Si le truc n’est pas interroperable et sans couture avec le SI du praticien, ça ne fonctionnera pas.

avatar DG33 | 

@Malouin

Le Ségur du Numérique en Santé qui est déployé en ce moment même impose justement l’interopérabilité des données pour chaque logiciel agréé Ségur.

avatar RonDex | 

@Malouin

Les médecins ne rempliront rien s’ils ne sont pas payés pour ça !

🙄
Je suis médecin généraliste, il faut vraiment arrêter avec cela. Je ne sais pas pourquoi c’est ancré à ce point dans les mœurs.
Par exemple, nous sommes nombreux à ne pas faire payer les vaccinations (par contre les pharmaciens : vaccination, teste Covid… Vous pensez qu’ils ne sont pas rémunéré ?). Quand on demande par téléphone ou par mail une ordonnance banale pour renouvellement de séances de kinésithérapie, Etc. on nous vous demande pas de faire payer l’ordonnance.
De plus les médecins généralistes sont en secteur 1 (sans dépassement d’honoraires).
Pour finir, entre 9 ans (pour les généralistes et ça va passer à 10 ans) et jusqu’à plus de 12 ans d’études pour certaines spécialités…!! Et je peux vous garantir que l’internat, ce n’est pas une partie de plaisir (reporté au nombre d’heures, largement sous payer bien moins que le SMIC). Sans parler des études qui sont d’une part longue, et d’autre part plutôt difficile : concours d’entrée, concours à la fin de la sixième année… Thèse, multiples mémoires, examens durant toutes les études.
Pour les spécialistes encore deux ans d’assistanat après leur internat. Bref, on s’installe et on commence à gagner sa vie passé 30 ans !
Je pense que les honoraires sont justifiées (certes il y a toujours des abus). Il suffit de regarder dans les autres pays les honoraires des médecins par rapport à la France… En France, les soins sont remboursés. On a vraiment pas à se plaindre.
Sans parler de tous les diplômes universitaires en plus (payé par nos soins), formation médicale continue, et entre 10 et 12 heures par jour, voir plus, vu la charge de travail. Après les consultations le soir, il faut en plus faire (beaucoup trop) de paperasse, vérifier les prises de sang (par exemple) et appeler les patients si besoin, faire des courriers ordonnance ou tout autre document pour les patients.
Ce sont les dentistes qui gagnent le plus (6 ans d’études, idem pour les pharmaciens, vétérinaires), pourtant ils n’ont pas à subir ce genre de remarque…

avatar Malouin | 

@RonDex

Ok… Pas faux.
Mais pour travailler dans le secteur ambulatoire, la réalité est quelque peu nuancée ! Impossible de trouver un médecin d’urgence le week-end ou après 19h00, etc…
Le fantasme du médecin de famille associé au médecin de campagne a vécu.
Les temps changent…

avatar DG33 | 

@RonDex

Les médecins ne touchent-ils pas comme les pharmaciens 100€ de ROSP par an pour disposer d’une boite MSS ?
Dont ils ne se servent pas…
En effet elle est payante lorsqu’elle est intégrée à leur logiciel, mais bien souvent gratuite si elle n’est pas intégrée, et du coup très peu pratique.
Mais ça change avec le Ségur : ROSP réévaluée (la carotte) mais versée sous conditions d’utilisation de la MSS, avec des objectifs (le bâton).

avatar DG33 | 

@RonDex

Tout à fait d’accord avec toi pour les études etc.
Toutefois, dois-je m’étonner que mon cardiologue préfère que je règle la pose du holter le lendemain de la consultation, lorsque je lui dépose ?
S’agit-il d’un acte pour la pose ? Pour le retrait ? Pour l’analyse des résultats ?
Ou s’agit-il de l’impossibilité de facturer deux actes le même jour ?
🤨

avatar RonDex | 

@DG33

« Ou s’agit-il de l’impossibilité de facturer deux actes le même jour ? »
Tout juste !
On ne peut pas facturer une consultation et un acte. Le seul acte autorisé (à ma connaissance) avec la facturation d’une consultation, c’est un ECG.
Ça me fait penser à certains cardiologues qui font un ECG de façon systématique pour toute consultation par leur secrétaire. 🙄 Ça me fait penser au garagiste/concession qui, pour la moindre réparations font systématiquement un « diagnostique » facturé aux alentours de 70 €. Ce qui ne se justifie pas de façon systématique.
Sinon, il faut choisir entre facturer la consultation ou l’acte médical. Si on fait plusieurs actes médicaux pendant la consultation, le premier est remboursé à 100 %, le second à 50 %. Si on souhaite pouvoir facturer tous les actes, il faut faire revenir le patient !
C’est un système – on me pardonnera du terme – à la con… Ça « force » les médecins à faire beaucoup d’actes, qui parfois ne sont pas justifiés…
On comprend de fait, que les dentistes nous font revenir jusqu’à cinq fois pour une petite carie et un détartrage : +500 € en tout ! 🥵 J’ai changé de dentiste depuis… bien plus honnête. 😅

avatar Bigdidou | 

@Malouin

"Les médecins ne rempliront rien s’ils ne sont pas payés pour ça !"

Ce n'est absolument pas pas une question de moyens mais de projet social et de la o'ace de la médecine dans celui ci.
À priori, nous n'avons à connaître que ce que les gens veulent bien nous dire.
C'est vrai aussi bien d'un point de vue philosophique que bêtement opérant.

La question est en réalité : quels outils développer pour que les gens puissent plus facilement récolter les informations pertinentes qu'ils désirent transmettre.

avatar Malouin | 

@Bigdidou

Je partage… mais dans ce cas, on inverse le modèle !
Pourquoi je ne pourrais pas stocker mes données sur mon espace (et mon iPhone) pour les transmettre à qui je veux !?
j’ai bossé sur un projet similaire avec uns start up : le moins que l’on puisse dire c’est que nous en sommes très loin !
… Et qu’il est important aussi de tracer le parcours d’un patient. Pour son bien et celui de la collectivité ! Nous payons tous pour la sécu de notre voisin…

avatar Bigdidou | 

@Malouin

« Pourquoi je ne pourrais pas stocker mes données sur mon espace (et mon iPhone) pour les transmettre à qui je veux !? »

Exactement.
Ceci me permet de garder la maîtrise.

avatar Nephou | 

@Bigdidou

La question est aussi _quid_ de l’universalité de l’accès à et de la maîtrise de cet espace. Comment être sûr que chaque résident y ait accès de manière universelle et éclairée ? Les barrières sont nombreuses : technologiques, linguistiques, éducatives, légales (au sens de connaissance de ses droits), physiques etc.

_Quid_ également — imaginons tous ces problèmes réglés — de l’interoperabilité et là, foi d’ex ingénieur hospitalier à la direction du système d’information du CH de Perpignan — c’est pas gagné : les éditeurs aiment l’interop que dans un sens ; celui leur permettant d’ingérer des données dans leur solution. Curieusement dans l’autre sens, ils n’aiment pas trop donner les plans de leur modèle de données. De même, si un système d’information de médecine libérale connaît certes des niveau de complexité en fonction de la spécialité, pour les établissements de santé il y a un (dans le meilleur des cas) logiciel métier par spécialité plus le dossier patient informatisé qui s/doit/devrait/ permettre de rassembler tout ça et _in fine_ de nourrir le fameux « mon espace santé » si accord éclairé du patient (les ARS poussent au cul des établissements pilote en fixant des objectif temporels d’alimentation du truc avec à la clef des crédits du _Ségur_).

Ah et je vous passe aussi toutes la partie essentielle d’indentito vigilance pour s’assurer que M. ou Mme X est bien M ou Mme X et que c’est bien son dossier/ses données et que toutes les informations sont à jour.

avatar Bigdidou | 

@Nephou

Oui, complètement, et quid de tas d'autres choses pour un bénéfice qui reste a établir, et dont l'évaluation depend du sens qu'on veut donner au soin.

avatar Malouin | 

@Bigdidou

… Sauf qu’il est important aussi de tracer le parcours d’un patient. Pour son bien et celui de la collectivité !
Nous payons tous pour la sécu de notre voisin…

avatar Bigdidou | 

@Malouin

"… Sauf qu’il est important aussi de tracer le parcours d’un patient. Pour son bien et celui de la collectivité ! "

Pas nécessairement, non.

avatar Malouin | 

@Bigdidou

Pour le coup, je ne crois plus du tout au civisme des usagers d’un système de santé à bout de souffle.

avatar RonDex | 

En tant que médecin, ce qui compte quand on prodigue des soins, c'est la relation avec le patient. Comme le fait Doctolib, il faut vraiment améliorer cette relation

Ce qui m’inquiète, c’est la présence de plus en plus oppressant du privé dans le milieu médical. Les données médicales étant ultra sensibles.
Également Doctolib qui est en situation de quasi monopole.

avatar Bigdidou | 

@RonDex

"Ce qui m’inquiète, c’est la présence de plus en plus oppressant du privé dans le milieu médical."

C'est une inquiétude non seulement légitime mais se confirme très concrètement sur bien des aspects.

avatar Dead head | 

Mon médecin n'a pas à savoir comment je vis en dehors de ce que je lui dis dans son cabinet. Il s'agit entre lui et moi d'une relation de confiance et non pas d' "espionnage".
Par ailleurs, pour moi la relation avec les médecins s'est aggravée avec cet intermédiaire qui s'appelle Doctolib et que j'évite au maximum. De plus, respect de la confidentialité ? J'ai reçu plusieurs fois des alertes de rendez-vous de Doctolib qui ne me concernaient pas mais pour lesquelles je recevais des données que je n'aurais pas dû recevoir (nom du patient, nom du médecin, jour et heure du rendez-vous…).

avatar Bigdidou | 

"Une chose sur laquelle nous travaillons beaucoup est de trouver comment renseigner le médecin sur la vie de son patient en dehors de son cabinet"

Comme ça et hors contexte telkecsu'edt rapportée cette citation, elle est franchement inquiétante.
Elle dénote toutefois d'une tendance lourde et d'un schisme idéologique qui semble de plus en plus séparer les acteurs du soin, au sein même de chaque profession et de chaque spécialité.

J'engage chacun a réfléchir à propos de quelle médecine il désire, de quels moyens il désire lui lui donner, et donc du rôle social qu'il veut qu'elle prenne (et au service de qui et des quels projets)et d'agir en conséquences.

avatar DG33 | 

@Bigdidou

Bah quand le cardiologue te pose un holter pendant 24h et te demande de noter tes activités, il sait donc ce que tu fais entre deux consultations, et il contextualise ce qu’il lit sur l’électrocardiogramme.
Si le nutritionniste sait exactement ce que tu manges et tes écarts ainsi que ton niveau d’activité (ceci expliquant ou pas la courbe de la perte/prise de poids) il adapte plus efficacement le traitement.
Si l’oncologue sait que tu ne prends pas ton anti vomitif pile 2h avant le repas et que cela explique tes vomissements et il n’a pas à adapter le traitement mais à te suggérer de mieux regarder ta montre et ajouter un rappel de prise.
Etc.

CONNEXION UTILISATEUR