Connaissez-vous la technologie Auracast ? Si vous avez un iPhone, probablement pas et c'est bien dommage. Car cette technologie portée par le consortium Bluetooth est extrêmement pratique et bien prise en charge par les appareils Bluetooth actuels… mais pas réellement par le logiciel.

Commençons par quelques explications : Auracast est une technologie de broadcast. La traduction française, diffusion, ne donne pas exactement la même nuance qu'en anglais. Dans le jargon technique, le broadcast implique une distribution d'une source (un émetteur) vers un ou plusieurs clients (récepteurs). La diffusion hertzienne de la télévision (la TNT) est par exemple du broadcast (un seul flux est émis depuis une antenne, pour tous les téléviseurs dans la zone), quand la diffusion d'une vidéo sur YouTube ne l'est pas : le serveur produit un flux par client.
Dans le cas du Bluetooth, le passage en broadcast amène une différence fondamentale dans le fonctionnement. Avec des écouteurs classiques, mettons des AirPods, il y a un émetteur (votre iPhone ou votre Mac) et un récepteur1 (vos AirPods). Avec Auracast, il y a un émetteur et un ou plusieurs récepteurs, ou même aucun. N'importe quel appareil compatible Auracast peut se connecter sur le flux produit pour l'écouter, avec une synchronisation entre les équipements. Cette diffusion amène un changement important dans la façon d'écouter de la musique : dans le fonctionnement traditionnel, le récepteur a un contrôle sur l'émetteur. Vous pouvez changer de piste, mettre en pause ou revenir en arrière depuis des écouteurs ou une enceinte. Avec Auracast, ce n'est pas le cas : il est possible de modifier le volume, mais pas de contrôler l'émetteur. Le flux est transmis en continu, et les récepteurs sont passifs sur ce point.
Mais à quoi ça sert ?
Présenté comme ça, sans contexte, l'intérêt peut sembler faible et c'est logique : la notion de TV linéaire tend à disparaître et les utilisateurs apprécient de contrôler la musique qu'ils écoutent. Mais Auracast est un complément, qui a des avantages dans de nombreux cas.
Le premier va être celui de la télévision, justement, ou de la vidéo en général : il est possible de partager un flux facilement entre plusieurs personnes sans reposer sur des technologies propriétaires. Les usages sont multiples : regarder une vidéo dans un train ou un avion avec deux casques, permettre à une personne malentendante d'obtenir un flux émis vers des aides auditives, etc. Un cas parfois mis en avant est aussi celui des endroits bruyants : un téléviseur dans un bar ou un aéroport peut diffuser en Auracast, et n'importe quel casque ou smartphone compatible peut directement se connecter au flux sans devoir demander de monter le son, au risque de gêner d'autres clients. La technologie peut également être déployée dans les salles de spectacle, pour permettre à une personne éloignée de la scène de bien entendre.

C'est aussi une solution pratique pour les personnes avec un handicap : Auracast peut remplacer la boucle magnétique employée dans certains endroits publics. Cette boucle est une vieille technologie qui permet de transmettre un flux audio (souvent issu d'un micro) vers une aide auditive. Mais elle demande une installation physique parfois compliquée à aménager, alors qu’Auracast nécessite juste un émetteur Bluetooth.
La technologie est intéressante dans d’autres contextes : pour diffuser des commentaires audio dans un musée, émettre des versions en plusieurs langues lors d’un keynote, etc. Il est aussi possible d'imaginer la transmission des commentaires dans des stades ou de proposer les annonces vocales dans les trains via Auracast. Plus généralement, tout ce qui peut se contenter d'une diffusion en continu, à la manière d'une radio, peut tirer parti de la technologie.
Un peu de technique
Pour utiliser Auracast, il y a plusieurs points techniques à prendre en compte. Premièrement, le matériel. Auracast repose sur le Bluetooth LE (la version basse consommation apparue avec le Bluetooth 4.0) et sur son codec LC3. C'est quelque chose de parfois mal compris, mais la majorité des appareils Bluetooth qui diffusent de l'audio s'appuie encore sur la version classique de la norme et pas sur la variante LE. Sans entrer dans les détails, la transmission en Bluetooth passe par une compression avec pertes et elle peut utiliser de nombreux codecs. Les plus courants sont le SBC (obligatoire), l'AAC (optionnel, porté par Apple) et l'aptX, mais il en existe d'autres (MP3, LDAC, etc.). En Bluetooth LE, c'est le codec LC3 qui a été choisi, et il offre une meilleure qualité que l'antique SBC.


















