Capteur d’oxygène sanguin : Apple a embauché un ingénieur clé de Masimo en 2013

Félix Cattafesta |

Les retournements de situation dans le procès entre Apple et le fabricant d’appareils médicaux Masimo continuent, et le fond de l’affaire se précise. Bloomberg donne aujourd’hui certains éléments supplémentaires permettant de mieux comprendre les raisons de la discorde. Apple a embauché un ingénieur clef de Masimo autour de 2013, et l’entreprise estime que celui-ci a partagé ses technologies avec Cupertino.

Mesure de l'oxygénation sanguine sur une Series 6.

L’ingénieur brésilien Marcelo Lamego a rejoint Masimo en 2003 en tant que chercheur scientifique. Il est ensuite devenu le directeur technique de sa filiale Cercacor vers 2006. Selon les avocats de Masimo, l’employé n'avait pas de connaissances préalables sur la manière de développer un dispositif de mesure de l'oxygène dans le sang : il aurait tout appris au sein de l’entreprise.

Lamego a ensuite été approché par Cupertino en 2013, la Pomme cherchant alors du monde pour travailler sur son projet d’Apple Watch. L’homme a décliné un poste, ayant à l’époque dans l’idée de devenir directeur technique de Masimo. Cependant, cette promotion lui a été refusée : il a alors directement contacté Tim Cook par mail quelques mois plus tard pour voir si la proposition tenait toujours. Dans son mail, il met en avant différents arguments qui ont su séduire le CEO d’Apple.

J'ai développé plusieurs appareils médicaux au cours des dix dernières années et je suis convaincu que je pourrais apporter une valeur ajoutée significative à l'équipe Apple, si on me donnait la possibilité d'en faire partie […] Je crois fermement que nous pouvons développer la nouvelle vague de technologies qui fera d'Apple la marque numéro un sur le marché de la médecine, du fitness et du bien-être.

Lamego a été embauché par Apple et est resté plusieurs mois à Cupertino avant de démissionner en 2014. Steve Hotelling, cadre de longue date chez Apple, a affirmé que Lamego ne s’intégrait pas à l’entreprise : l’ingénieur se serait opposé à la direction, aurait exigé des budgets faramineux et voulait embaucher ses propres équipes. En face, les avocats de Masimo estiment que Lamego est parti après qu'Apple a obtenu ce dont elle avait besoin.

L’ingénieur brésilien n’est pas le seul à avoir été débauché par Apple. Cupertino et Masimo se sont rencontrés en 2013 pour faire un point alors qu’Apple cherchait des technologies et des employés pour travailler sur son projet de montre connectée. Le fabricant d’appareils médicaux pensait qu’Apple voulait signer un contrat, mais la démarche ne s’est pas concrétisée. Il accuse donc Apple d’avoir organisé cette rencontre pour se renseigner sur sa technologie et préparer le terrain en vue d'embaucher son personnel. Masimo affirme que 20 de ses employés sont partis chez Apple, dont son médecin en chef.

Masimo a intenté un premier procès à Apple avant la sortie de la Series 6 en accusant Cupertino de lui avoir piqué ses employés et ses technologies : une action en justice qui n’a pas abouti. L’entreprise a lancé une deuxième procédure peu après la commercialisation de la version de la montre embarquant un capteur de taux d’oxygène dans le sang. La démarche a cette fois-ci porté ses fruits : l'International Trade Commission a tranché contre Apple et forcé l’entreprise à retirer ses montres de la vente.

Le feuilleton est toujours en cours, et le CEO de Masimo s’est dit ouvert à un accord. La vente d’Apple Watch Ultra 2 et de la Series 9 ont été suspendues quelques jours aux États-Unis, mais Apple a réussi à gagner un peu de temps en promettant une mise à jour logicielle lui permettant de contourner les brevets de Masimo. Les montres sont de retour sur les étals jusqu’au 12 janvier, date à laquelle les douanes américaines trancheront sur cette pirouette.


avatar Furious Angel | 

C’est toujours délicat ces trucs, surtout dans un domaine où il y a de la recherche. Évidemment qu’un employé apprend des choses dans le cadre de son boulot. Mais il est censé faire quoi ? Rester à vie dans cette entreprise ou changer totalement de domaine une fois qu’il l’a quittée ? Oui il y a des secrets industriels, mais on efface pas ce qu’on a en tête. C’est pour ça qu’il existe des clauses de non concurrence (gardening leave en anglais, j’adore leur terme) interdisant de bosser pour la concurrence… pendant un certain temps.

avatar Paquito06 | 

@Furious Angel

“C’est toujours délicat ces trucs, surtout dans un domaine où il y a de la recherche. Évidemment qu’un employé apprend des choses dans le cadre de son boulot. Mais il est censé faire quoi ? Rester à vie dans cette entreprise ou changer totalement de domaine une fois qu’il l’a quittée ? Oui il y a des secrets industriels, mais on efface pas ce qu’on a en tête. C’est pour ça qu’il existe des clauses de non concurrence (gardening leave en anglais, j’adore leur terme) interdisant de bosser pour la concurrence… pendant un certain temps.”

Oui c’est delicat ce genre de position. En banque d’investissement en bougeant d’une boite a l’autre (societe generale, goldman sachs, morgan stanley, …) j’avais jusqu’a 18 mois de gardening leave. Bon les mecs en prennent de la bonne, tu fais quoi pendant 18 mois si tu peux plus travailler pour une banque ahah… Mais dans le cas d’Apple, Lamego est peut etre un chenapan qui sait, car il a developpe une solution chez apple il est obligatoirement au courant de ce qui se faisait chez Masimo, il n’a pas mis en garde apple niveau copyright? Ou Apple a peut etre ignoré ces avertissements egalement?

avatar Vanton | 

Quand 20 de vos employés se barrent chez les concurrence, vous avez peut-être un problème dans votre entreprise…

avatar Furious Angel | 

@Vanton

Ou tout simplement pas les moyens de lutter

avatar Vanton | 

@Furious Angel

Peut-être

avatar fte | 

@Furious Angel

"Ou tout simplement pas les moyens de lutter"

C’est un problème dans l’entreprise. :/

avatar Nitneuqq | 

@fte

Pas nécessairement. C’est un problème d’une concurrence aggressive, un problème d’ordre légal - pas de l’entreprise-même.

avatar djgreg13 | 

@Furious Angel

Tu les paies plus et ils se barreront pas, c'est ça de tirer vers le bas, là ils en voient les conséquences

avatar thesupertimal | 

Apple est trop puissante.

avatar nhtud948 | 

Apple rencontre Massimo, ne signa pas d’accord, et débaucha après 20 salariés de cette même boîte.

Quand es que vous allez ouvrir les yeux sur cette boîte et continuer à croire à leurs discours sur l’égalité des chances, l´inclusivité, l’écologie.

Cette boîte et sans fois ni loi, se fou de la gueule des lois européenne, et chie littéralement sur la gueule des consommateurs.

avatar Furious Angel | 

@nhtud948

Je trouve que tu tires des conclusions uniquement dans le sens qui te va. C’est tout à fait normal dans le monde de l’entreprise de vouloir débaucher des experts, que des employés veuillent grandir dans leur carrière, etc, etc. 20 employés, sur le total c’est très peu…

avatar nhtud948 | 

@Furious Angel

Et c’est normal de pilier le savoir du boîte, sans acheter aucuns brevets ?

avatar Furious Angel | 

@nhtud948

On n’a aucun élément pour affirmer que c’est ce qu’il s’est passé

avatar fte | 

@nhtud948

"Et c’est normal de pilier le savoir du boîte, sans acheter aucuns brevets ?"

L’enquête (si il y a) n’est pas terminée et le jugement n’a pas été rendu.

Ce que tu évoques n’est pas légal je pense, mais ce que tu évoques ne s’est, jusqu’à preuve du contraire, pas produit. As-tu cette preuve ?

avatar pat3 | 

@Furious Angel

"Je trouve que tu tires des conclusions uniquement dans le sens qui te va. C’est tout à fait normal dans le monde de l’entreprise de vouloir débaucher des experts, que des employés veuillent grandir dans leur carrière, etc, etc"

Y a même un job pour ça : chasseur de têtes.
Oui, ce sont des secteurs hyper-confidentiels, et Apple ne gagne pas à tous les coups, certains employés sont passés pas tous les top 10 de la Silicon Valley.

avatar fte | 

@nhtud948

"Quand es que vous allez ouvrir les yeux sur cette boîte et continuer à croire à leurs discours sur l’égalité des chances, l´inclusivité, l’écologie."

Mener un business n’est pas nécessairement incompatible avec des idéaux. Ces discours sont sans doute sincères. Mais ces discours s’inscrivent dans une réalité où tout n’est pas Bien ou Mal, mais toujours un mélange, toujours entre les deux.

On peut tout à fait travailler et aspirer à par exemple diminuer son impact écologique, par touches, par increments, sans renoncer aux objectifs business. Ce n’est pas soit on est écolo soit on fait du business.

Quand vas-tu ouvrir les yeux sur le fait que le monde est gris, ni noir ni blanc ?

avatar nhtud948 | 

@fte

Je suis d’accord avec toi à 100%.

Mais je trouve le discours d’Apple complètement hypocrite et pas du tt en phase avec se qu’ils font derrière le rideau…

avatar fte | 

@nhtud948

"Mais je trouve le discours d’Apple complètement hypocrite et pas du tt en phase avec se qu’ils font derrière le rideau…"

C’est ton droit de trouver. C’est une croyance cependant, pas un fait, et c’est important de faire la différence.

Tu peux rechercher les faits et t’intéresser aux actions de cette entreprise au delà des discours. Que fait Apple du point de vue énergétique ? Du point de vue des matières premières ? Du point de vue du recyclage interne à l’entreprise et externe également ? Que fait Apple du point de vue social ? Du point de vue de l’égalité des genres ? Du point de vue de l’égalité des "races" ? Du point de vue du traitement des sous-traitants ?

Tu verras qu’il y a du pas mal, du pas terrible, et pas de Bien ni de Mal absolus.

Il est aussi important de différentier les discours marketing et publicitaires et les discours de valeurs.

avatar raoolito | 

@nhtud948

"Quand es que vous allez ouvrir les yeux sur cette boîte et continuer à croire à leurs discours sur l’égalité des chances, l´inclusivité, l’écologie."

On est bien d'accord que ce qui est raconté dans cet article et l'égalité des chances, L'exclusivité et l'écologie, ça n'a aucun rapport ?

avatar fousfous | 

Je comprend pas bien le cas du bonhomme, d'après Massimo il devrait rester à vie chez eux et ne jamais pouvoir utiliser son expérience? (Remarque c'est le rêve des patrons pour éviter d'avoir à augmenter les salariés)
En ce qui concerne les 20 employés, on n'en sait rien des conditions de travail chez Massimo. Dur de savoir si c'est Apple qui a mis les moyens pour débaucher, ou si les salariés ont vu d'eux même qu'il y avait mieux ailleurs (et ils ont pu en profiter pour récupérer les contacts).
D'ailleurs il n'y a pas eu un procès parce que certaines boites s'étaient mises d'accord pour ne pas embaucher les salariés d'autres boîtes?

avatar fte | 

@fousfous

"Je comprend pas bien le cas du bonhomme, d'après Massimo il devrait rester à vie chez eux et ne jamais pouvoir utiliser son expérience? (Remarque c'est le rêve des patrons pour éviter d'avoir à augmenter les salariés)"

Il y a parfois des clauses de non-concurrence dans les contrats. Des interdictions de travailler dans le même domaine pendant un certain temps raisonnable. Ça dépend des législations. Il y a souvent des garde-fous légaux ou contractuels tels que si quelqu’un ne trouve pas de travail dans un autre champ d’activités pendant un certain temps, l’ancien employeur doit rémunérer son ancien employé pour maintenir la clause de non concurrence sinon l’employé est libéré de ses obligations.

Une telle clause a-t-elle été violée ?

Ça ne semble pas être la ligne d’attaque cependant, d’autant plus que Apple ne serait pas directement responsable, mais bien l’ancien employé, lequel ne semble pas être directement poursuivi.

Brevets. C’est plutôt dans cet espace que ça se joue.

avatar 0MiguelAnge0 | 

@fousfous

Tu comprends le concept de brevêts?! Ils peuvent partir mais s’ils deploient des technos qui enfreignent les brevêts déposés, la boîte les utilisant est coupable.

On parle bien de la boîte qui poursuit des petits commerçants qui utilise une pomme dans leurs logos!!
Bref, j’attends avec impatience le 12 et que les douanes rendent leurs conclusions: s’ils ne pouvaient pas sans sortir sans une modif hardware, ce serait une belle revenche aux noms de tous les petites boîtes qu’Apple a pillées jusque là.

avatar fousfous | 

@0MiguelAnge0

J'ai répondu en commentaires à certains points de l'article, je n'ai pas du tout parlé des brevets (parce que je ne connais pas les brevets ni l'implémentation d'Apple).
Donc je ne comprend pas vraiment ton commentaire, à part si tu as volontairement voulu répondre à côté de la plaque pour faire une critique facile.

avatar kinon | 

Apple fait comme la plupart des grosses sociétés, et comme font aussi les personnes ayant acquis une expérience dans une entreprise et prêts à la proposer à une autre entreprise. Avec le risque que cette entreprise soit encore plus manipulatrice qu'elles.

avatar frankm | 

C’est sur que le gars n’a pas dû réinventer le monde

avatar nhtud948 | 

Ouai enfin quand même, tu rencontre une boîte de tech (Massimo), tu signes aucuns accord (genre pas intéressé), et après tu débauches de cette même boîte 20 salariés.

Tu vois pas le problème ?

avatar fte | 

@nhtud948

"Tu vois pas le problème ?"

Pas vraiment. Une entreprise n’est pas propriétaire de ses employés. La débauche d’employés n’est pas du vol.

Une loi a peut-être été violée, mais c’est le travail de la justice de le dire, pas le nôtre.

avatar kinon | 

erreur

avatar kinon | 

Si bien sûr. Mais c'est une pratique malheureusement assez courante et pas une particularité de Apple

avatar Gerrer | 

Apple 3 - masimo 0

avatar fbi92120 | 

Ça me fait penser à Ford qui a « volé » le dispositif de balayage intermittent des essuies glace à un inventeur. Il lui a fallu une vingtaine d’année pour faire valoir ses droit mais en a aussi payer le prix fort (quasi pauvreté, famille déglinguée). Le biopic Éclair de Génie (flash genius) raconte cette histoire.

CONNEXION UTILISATEUR