Pendant des années, la mystérieuse start-up Magic Leap a vendu du rêve, avec sa technologie de réalité « mixée » qui promettait monts et merveilles. L’heure est désormais venu de livrer la marchandise, puisque comme annoncé il y a quelques semaines, l’entreprise a lancé la commercialisation du Magic Leap One Creator Edition dans six villes aux États-Unis, au prix de 2 295 $.
Pour ce prix, les heureux acheteurs recevront gratuitement (ouf) l’appareil ainsi qu’une petite formation pour se mettre en route. Ils pourront jouer avec le casque Lightwear plutôt imposant, qui est fourni avec le Lightpack, un module filaire à glisser à la ceinture, et un contrôleur.
Le Lightwear embarque un ensemble de capteurs de mouvement et une puce « photonique » qui projette des hologrammes. Le Lightpack est le moteur du dispositif, avec un Tegra X2 de Nvidia, 8 Go de RAM, 128 Go de stockage, une batterie qui tiendra 3 heures, un port USB-C et un port jack (le casque intègre ses propres haut-parleurs).
Le dispositif fonctionne sous Lumen OS, un dérivé de Linux. Il est livré avec plusieurs logiciels pour mettre le pied à l’étrier : une démo d’un jeu, un navigateur web, une app pour placer des objets virtuels dans son environnement, une messagerie. Une boutique est aussi disponible, le Magic Leap World, et l’entreprise espère que les développeurs seront nombreux à embrasser sa technologie (un portail leur est dédié).
AT&T est par ailleurs partenaire de Magic Leap. Même si le casque ne sait pas accrocher de réseau cellulaire, il sera possible de l’utiliser à l’extérieur dans certains cas. Des démos seront organisées dans les boutiques de l’opérateur américain.
Quelques sites US ont eu la possibilité de tester le casque et force est de constater qu’il y a loin de la coupe aux lèvres : The Verge explique que le casque n’en offre pas vraiment plus que l’HoloLens de Microsoft, qui est disponible depuis plus de deux ans.
Certes, et malgré les apparences, le Lightwear est semble-t-il confortable à porter. Les lentilles du casque intègrent ce qui ressemble à des écrans (les fameuses puces « photoniques ») qui affichent les hologrammes. Le champ de vision de 50° est réduit : en dehors du rectangle de la zone virtuelle, les objets virtuels disparaissent. C’est un problème commun avec l’HoloLens.
« Ne pas être capable d’avoir une vision complète des objets virtuels dans la pièce est un sérieux handicap », abonde Cnet. Le testeur perdait parfois la trace des choses qu’il ne pouvait pas voir, et les objets virtuels en eux-mêmes ressemblent à des « dessins animés Disney ».
Bref, de ce qui ressort de ces premières prises en main, c’est que ce n’est pas gagné pour Magic Leap. L’entreprise a le soutien de plusieurs poids lourds dont Google, mais il lui faudra du contenu pour s’imposer sur le marché. Or, les développeurs ont déjà beaucoup à faire et à investir dans la réalité augmentée d’Apple, de Google, voire de Microsoft.