« Nous en sommes au stade "peur d’Apple". » C’était ainsi qu’un employé de Meta décrivait à Bloomberg l’état d’esprit du groupe l’automne dernier au sujet de l’arrivée prochaine du Vision Pro. À quelques jours du lancement du fameux produit, le Wall Street Journal donne un autre son de cloche : l’entreprise de Mark Zuckerberg n’aurait pas peur du Vision Pro, au contraire, elle l’accueillerait presque à bras ouvert.

Les dirigeants de Meta verraient le nouvel appareil d’Apple comme une validation de leurs lourds investissements (plus de 50 milliards de dollars) dans leur division Reality Labs, en charge notamment des casques Quest.

Chez Meta, on considérerait moins Apple comme un concurrent que comme un aspirant capable d’attirer de nouveaux consommateurs. Tandis qu’Apple et Google constituent les deux jambes du marché du mobile, Meta verrait Apple comme la seconde jambe du marché de la réalité virtuelle/augmentée/mixte, une seconde jambe capable de donner un coup d’accélérateur après un long passage à cloche-pied.

L’approche différente du Vision Pro a incité Meta à se remettre en question : avec le Quest 3 lancé l’automne dernier, le groupe a un peu délaissé son métavers au profit de la réalité mixte et d’une utilisation sans contrôleurs. « Meta pense que les gens achèteront leur casque parce qu’il est moins cher », résume Cathy Craig, CEO d’Incisiv, un studio de jeux en VR, au fait des réflexions à Menlo Park.

Au quatrième trimestre 2023, le Quest 3 s’est écoulé entre 2 et 2,7 millions d’unités, selon IDC, une croissance déjà exceptionnelle par rapport aux 160 000 Quest 2 distribués un an plus tôt à la même période. L’ascension va-t-elle vraiment se poursuivre après le lancement du Vision Pro ?

Test du Meta Quest 3 : en quête de sens

Le Vision Pro d'Apple arrive bientôt et dans la liste des applications attendues, il y a un absent notable : Netflix. Ce n'est pas totalement une surprise, la société ne propose pas d'application pour les Mac, et les versions iOS et tvOS ont parfois un peu de retard sur les variantes présentes sur les autres systèmes, mais Netflix a tout de même tenté de se justifier.

Les applications optimisées pour le Vision Pro… et les absents notables

Dans une interview pour Stratechery, Greg Peters (co-CEO de Netflix) répond à une question sur l'absence d'application sur le Vision Pro au lancement. Il explique que la décision de porter une application dépend essentiellement de deux points : l'effort nécessaire au regard du nombre d'appareils en circulation et les avantages pour les clients du service. Et il indique que s'il y a bien des discussions avec Apple, le marché est tellement petit qu'il n'est pas intéressant pour la plupart de ses clients.

Comme le note Mark Gurman sur X, l'argument ne tient pas réellement : il explique que Netflix a bien une application pour la Nvidia Shield (de façon sarcastique) ou pour le Portal de Meta, un appareil qui n'a pas été un grand succès. Et même en revenant (un peu) en arrière, Netflix a proposé à une époque une application pour la PlayStation 2, par exemple (ou la PlayStation 3, sous forme de disque).

Cette histoire montre surtout le paradoxe des relations entre Apple et Netflix : le service a été mis en avant sur les Apple TV pendant très longtemps (l'Apple TV 3G avait une application Netflix préinstallée) mais Netflix se limite parfois au service minimum, comme pour l'intégration absente avec l'application TV.

Le Vision Pro, avec son prix élevé, sa vente réservée aux États-Unis et ses stocks plus faibles que d'autres produits courants d'Apple, aurait été une cible de choix pour les acheteurs qui spéculent sur la revente.

Kasada, un spécialiste de solutions pour bloquer les achats en volumes automatisés, via des bots, a observé la période de précommande du casque. À l'en croire, des utilisateurs ("scalpers") et développeurs de ces robots acheteurs ont été particulièrement actifs. Certains ont adapté leur logiciel à la commande de ce produit et d'autres à l'Apple Store en général.

Trois critères au moins rendaient le Vision Pro attractif pour ces acheteurs. D'abord, la demande a été estimée comme supérieure à l'offre prévue du fait de stocks plus limités que d'autres produits plus courants ; ensuite la revente peut être l'occasion de dégager un confortable bénéfice au vu du tarif de base ; enfin le retour possible sous 14 jours avec remboursement, communément pratiqué par Apple, limite les risques si les casques obtenus ne trouvent pas preneur rapidement.

Il y avait toutefois un obstacle potentiel durant le processus de précommande l'obligation d'utiliser Face ID sur son téléphone pour scanner son visage et choisir la bonne taille de cache anti-lumière. Cette étape avait été initialement perçue comme une protection contre les scalpers. Kasada explique qu'en définitive ça n'a pas été le cas et certains bots ont été programmés pour fournir une même valeur de taille correspondant à ce que Face ID retournait à la page de commande. Le bot précommandait alors des casques ayant tous la même dimension de cache, mais peu importe pour le vendeur.

Il n'y a pas eu non plus de limite sur les quantités que l'on pouvait commander. Un bot suivi par Kasada aurait précommandé 1 592 Vision Pro, avec un pactole en millions de dollars si la revente est réussie. Cependant le gros de l'activité aurait consisté en de nombreux scalpers qui ont obtenu une poignée de casques. eBay n'a d'ailleurs pas tardé à se remplir d'annonces avec des enchères poussant le casque à plus de 4 000, 5 000 voire 6 000 $ comparé aux 3 500 $ réclamés par Apple.

Certains vendeurs mettent bien en évidence une expédition possible partout dans le monde puisque la rareté de ce produit sera aussi géographique pour les mois à venir. Apple va le lancer ailleurs dans le courant de l'année, mais elle n'a pas dit où ni quand précisément.

Les casques Meta Quest devraient bientôt pouvoir lire les vidéos spatiales prises avec un iPhone 15 Pro ou un Vision Pro. Le fouineur @M1Astra a remarqué de nouvelles lignes dans le code de l’app iOS de Meta, laissant penser qu’une prise en charge était dans les tuyaux.

Les lignes relevées sont assez éloquentes, invitant par exemple à « plonger dans vos souvenirs préférés en envoyant des vidéos sur l'application Meta Quest ». Une autre incite à uploader une vidéo « spatiale », là où une troisième demande de les activer dans les paramètres de son appareil photo. Certains passages semblent indiquer qu’il faudra envoyer les vidéos sur les serveurs de Meta pour les consulter, mais ils correspondent peut-être à une autre fonction.

L’enregistrement de vidéos spatiales est possible sur l’iPhone 15 Pro depuis le mois de novembre, mais les vidéos prendront logiquement tout leur sens une fois visionnées dans un casque. Pour obtenir l’effet 3D, le téléphone capture deux flux 1080p qui sont superposés. Les regarder dans un iPhone ou sur un Mac n’offre qu’une « simple » vidéo HD au format .MOV.

Des outils comme Spatialify permettent déjà de convertir les vidéos d’Apple dans un format 3D plus classique, et de les rendre compatibles avec d’autres casques. On attendra de voir comment Meta compte organiser tout cela, et si une lecture hors ligne sera possible.

Si Netflix a décidé de bouder le Vision Pro en ne mettant aucune application à sa disposition, il en va tout autrement pour deux plateformes de vidéo françaises. Des versions optimisées pour visionOS d’Arte et de myCanal sont d’ores et déjà prêtes.

Les groupes audiovisuels n’ont pas encore communiqué officiellement sur le sujet, c’est le développeur Steve Troughton-Smith qui a repéré les fiches de ces nouvelles versions (l’App Store de visionOS est ouvert depuis la semaine dernière).

« La première version de Canal+ [l’autre nom de l’app myCanal dans certains pays, ndlr] comprend déjà toutes les fonctionnalités principales de l’application. Des fonctionnalités supplémentaires seront disponibles dans les prochaines versions, y compris des innovations exclusives au Vision Pro », indique la chaîne cryptée sur sa fiche.

Ces versions optimisées de myCanal et Arte sont une demi-surprise. D’un côté, on peut s’étonner du fait que ces applications soient déjà prêtes alors que le Vision Pro ne sort le 2 février qu’aux États-Unis et qu’il ne franchira peut-être pas l’Atlantique avant de longs mois. De l’autre, Arte et myCanal font souvent partie des premières plateformes de vidéo à adopter les nouvelles technologies d’Apple, et on sait que les liens entre Cupertino et le groupe Canal+ sont très étroits.

Les applications optimisées pour le Vision Pro… et les absents notables

La Series 9 et l’Apple Watch Ultra 2 sont fraîchement revenues sur le marché américain sans leur fonction permettant de surveiller le taux d’oxygénation du sang. Cette mesure, anecdotique pour certains, reste bien utile : elle a récemment permis d’établir le diagnostic d’une femme d’environ 70 ans en manque d’oxygène, alors qu’elle se trouvait en avion.

La scène s’est déroulée dans un vol Ryanair partant de Birmingham et se rendant à Vérone, en Italie. La personne âgée a commencé à se sentir essoufflée, ce qui a poussé le personnel de bord à demander si un docteur était présent. Un médecin s’est heureusement manifesté, à qui elle a expliqué avoir des antécédents cardiaques.

La BBC rapporte que le Dr Riaz a demandé à emprunter l’Apple Watch d’un agent de bord. « La montre m'a aidée à découvrir que le patient avait une faible saturation en oxygène », a-t-il précisé. L’équipage lui a apporté une bouteille d’oxygène, ce qui lui a permis de surveiller et de maintenir le niveau de saturation en oxygène de la passagère jusqu’à leur arrivée en Italie. Celle-ci s’est rapidement rétablie, et est sortie escortée par le personnel médical. Le Dr Riaz explique :

J'ai beaucoup appris pendant ce vol sur la manière d'utiliser le gadget. C’est une leçon sur la façon dont nous pouvons améliorer les voyages aériens lors de ce type d'urgence grâce à un gadget de base qui, de nos jours, est facilement disponible […] Ces objets peuvent sauver la vie de quelqu'un dans une situation d'urgence.

Cette fonction n’est malheureusement plus aussi facilement accessible sur les montres récemment vendues aux États-Unis. Le capteur de SpO2 de l’Apple Watch est au cœur d’une bataille juridique entre Cupertino et l’entreprise Masimo, qui estime que la montre viole ses brevets. Apple a été contrainte de temporairement suspendre les ventes de la Series 9 et de l’Ultra 2 en fin d’année 2023, et les montres sont depuis peu revenues sur le marché avec une app « Oxygène sanguin » désactivée.

Les premiers casques Vision Pro seront livrés dans une dizaine de jours, la première version publique de visionOS est d’ores et déjà disponible, il ne manque plus que les applications qui vont avec. Les développeurs européens auront l’occasion de confronter leurs expériences pendant la vOS Conf, la première conférence dédiée à visionOS et SwiftUI, qui se tiendra les 15 et 16 avril prochains à Düren, près de Cologne (Allemagne).

Organisée par Manuel Carrasco Molina, plus connu sous le pseudonyme StuFF mc, la conférence proposera deux jours de sessions et de présentations sur le casque Vision Pro et visionOS. « Objective-C restera sur le pas de la porte », explique l’organisateur, qui veut se concentrer sur SwiftUI, même s’il faut bien mentionner UIKit. Un panel de discussion clôturera chaque journée.

Les tickets sont en vente pour 476 €, un prix qui comprend le grand diner organisé le premier soir. Un tarif fortement dégressif est proposé sur l’achat de plusieurs billets, ainsi qu’une remise de 10 % pour les personnes qui ne s’identifient pas comme des hommes, afin de favoriser la venue d’un public plus varié. Si vous ne pouvez pas vous rendre en Allemagne, un ticket à 119 € permet d’accéder à la retransmission vidéo et de poser des questions aux conférenciers.